Eglises d'Asie

A la lumière de Ecclesia in Asia, l’Eglise du Vietnam repère les points faibles de la formation dispensée par elle

Publié le 18/03/2010




Dans le cadre de la mise en ouvre des directives de l’exhortation apostolique Ecclesia in Asia (L’Eglise en Asie), publiée en novembre dernier par le pape Jean-Paul II pour conclure le synode des évêques d’Asie, une équipe de travail a été mise en place par la Conférence épiscopale du Vietnam. Chargé de dresser l’état des lieux de l’Eglise du Vietnam à la lumière du document romain, le groupe dirigé par Mgr Paul Nguyên Van Hoà, évêque de Nha Trang, est composé de six prêtres, six laïcs et une religieuse. Le 13 septembre dernier, l’équipe s’est réunie à Hô Chi Minh-Ville pour déterminer les points faibles de l’Eglise au Vietnam alors qu’elle s’apprête à se lancer dans le travail d’inculturation recommandé par le document romain.

C’est principalement la formation des prêtres et des laïcs qui a été mise en cause dans les débats du groupe. L’absence de formation aux sagesses et aux religions asiatiques, en général, et à la culture vietnamienne traditionnelle, en particulier, est flagrante dans les établissements de formation. On a fait remarquer que les futurs religieux bouddhistes au Vietnam sont initiés aux philosophies orientales, et mènent une étude approfondie des caractères chinois et des caractères démotiques nôm, un système de transcription du vietnamien formé à partir des caractères chinois, utilisé autrefois au Vietnam jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le Quôc Ngu, écriture alphabétique introduite par les missionnaires et aujourd’hui en usage. Les séminaristes, eux, se contentent d’étudier le latin et la philosophie occidentale. Il existe même des enseignants pour affirmer que tout ce qui est “local” ou oriental ne vaut pas la peine d’être étudié. En conséquence, il a été proposé que les cultures et les religions asiatiques, la langue et la pensée chinoises, l’écriture nôm soient introduites comme matières principales à l’intérieur du programme d’étude des maisons de formations de l’Eglise vietnamienne. D’une manière générale, ce programme devrait être révisé en fonction du contexte du pays. A l’intention des théologiens et des membres du corps enseignant, le groupe a proposé de multiplier les séminaires et sessions d’études portant sur la pensée asiatique et les problèmes concernant l’inculturation et le dialogue interreligieux.

D’autres déficiences et insuffisances ont été repérées par le groupe dans la formation dispensée au Vietnam ainsi que dans la pratique ordinaire de l’Eglise. On a regretté que la dimension spirituelle soit négligée dans l’actuelle formation au séminaire. Les directeurs spirituels en fonction aujourd’hui n’ont pas reçu une formation adéquate et beaucoup pensent encore que n’importe quel prêtre peut jouer ce rôle.

Le Synode des évêques d’Asie avait insisté sur la nécessité d’intensifier le rôle des laïcs chrétiens en Asie. A ce propos le groupe de travail a souligné la structure hiérarchique qui marque encore l’Eglise au Vietnam. Les laïcs continuent à y jouer un rôle passif. Il a donc été proposé qu’une formation adéquate soit fournie aux laïcs capables de servir l’Eglise en différents domaines, comme agents de l’évangélisation, du dialogue interreligieux ou de l’animation liturgique. Chaque diocèse devrait assigner un prêtre à cette tâche de formation du laïcat. Enfin, selon les membres du groupe de travail, l’heure est venue où l’Eglise du Vietnam devrait songer à installer le diaconat permanent pour répondre aux besoins pastoraux toujours croissants de l’Eglise du Vietnam.