Eglises d'Asie

Basilan : menacé de mort par des membres du groupe Abu Sayyaf, l’évêque de la prélature d’Isabela est contrait de prendre des “vacances” hors de l’île

Publié le 18/03/2010




Le 28 septembre, bien que les autorités militaires philippines aient fourni une protection rapprochée 24h su 24 à Mgr Romulo de la Cruz, évêque de la prélature d’Isabela, ce dernier, à la demande insistante de ses prêtres et avec l’accord du nonce apostolique résidant à Manille, a quitté l’île de Basilan pour des “vacances ». Le 1er septembre dernier, Abu Sabaya, chef d’une des factions du groupe Abu Sayyaf, avait promis, …

… sur les ondes d’une radio, de décapiter le prélat et de “casser sa tête en deux ». Selon des rumeurs persistantes, un commando appartenant au groupe extrémiste musulman était présent sur l’île depuis quelques jours.

Les menaces proférées par Abu Sabaya faisaient suite à la publication par le Philippine Daily Inquirer, journal de Manille, d’un article rapportant que Mgr de la Cruz aurait appelé à l’éradication » du groupe Abu Sayyaf. Information démentie par l’évêque d’Isabela qui a déclaré que ses propos avaient été déformés. La protection militaire de Mgr de la Cruz rendait son ministère très difficile. D’une part, celui-ci ne voulait pas se déplacer en permanence entouré de gardes du corps, ce qui inquiétaient ses prêtres quant à sa sécurité. Nous étions soucieux car, partout il se rendait, des militaires, en uniforme et armés, étaient déployés, ce qui présentait un caractère inhabituel et dérangeant », commente le P. Martin Jumoad, chancelier de la prélature d’Isabela.

Basilan, qui correspond au territoire couvert par la prélature d’Isabela, est une île peuplée en majorité par des musulmans et où les chrétiens sont une petite minorité. Au mois de mars, avril et mai derniers, elle a été le théâtre d’une prise d’otages sanglante. La faction dirigée par Abu Sabaya du groupe Abu Sayyaf avait pris en otages, le 20 mars, une trentaine de personnes d’une école primaire de l’île. Le P. Rhoel Gallardo ainsi que trois instituteurs avaient été exécutés peu avant l’assaut final lancé par l’armée contre le repaire des extrémistes musulmans, le 3 mai dernier. Les corps du prêtre et d’un des enseignants portaient des signes de torture (18).

Par ailleurs, sur l’île voisine de Jolo, l’offensive des militaires philippins contre le groupe Abu Sayyaf, responsable de la prise d’otages d’Occidentaux, de Malaisiens et de Philippins, semble s’enliser pro-gressivement (19). Les douze évangélistes philippins appartenant à la Jesus Miracle Crusade ont re-couvré la liberté, mais le poids que font peser sur les civils les opérations militaires est de plus en plus lourd. Un responsable du Bureau des affaires musulmanes de Jolo a rencontré le commandement mili-taire philippin à Jolo pour se plaindre des exactions de soldats de l’armée contre des civils. Selon le P. Benjamin Inocencio, chancelier du vicariat de Jolo, 10 000 réfugiés sont parqués dans des conditions précaires à la périphérie de la ville de Jolo. Dans toute l’île, le chiffre des personnes déplacées se monterait à plusieurs dizaines de milliers. Les militaires limitant les mouvements de bateaux autour de l’île, l’acheminement d’aide humanitaire en provenance de Mindanao est problématique.