Eglises d'Asie

Le document romain Dominus Iesus est passé assez inaperçu au Japon et un théologien catholique lui a trouvé une forme trop “occidentale”

Publié le 18/03/2010




La publication de Dominus Iesus par la Congrégation pour la doctrine de la Foi le 5 septembre, à Rome (16), est passée assez inaperçue au Japon où les réactions tant de la part des milieux chrétiens que de la part de responsables des autres religions ont été rares. Un théologien catholique a toutefois exprimé l’opinion que ce document, en dépit de ses défauts, constituait un élément essentiel pour le dialogue interreligieux.

Selon des sources de l’Eglise catholique, un seul des principaux journaux du pays a consacré un article à son sujet, le Nikkei Shimbun rapportant que les Eglises protestantes en Europe avaient réagi négative-ment à l’affirmation de la primauté de l’Eglise catholique. Un journal protestant, L’hebdomadaire du Christ, a réagi dans le même sens tandis qu’un journal bouddhiste, le Chugai Nippo, faisait la une d’une de ses éditions avec ce titre : Le Vatican se trahitil », s’interrogeant dans ses colonnes sur les raisons qui expliquaient la publication par le Vatican d’un tel document aujourd’hui.

Au sein de la communauté des catholiques, le document a été accueilli dans l’indifférence, explique Nakagawa Akira, directeur du Bureau de recherche pour l’évangélisation de la Conférence épiscopale. Au Japon, pratiquement aucun catholique ne s’intéresse à de tels débats théologiques », les gens se trouvant absorbés par une vie quotidienne fatigante et une société compétitive. Ils peuvent penser que c’est la manifestation de luttes intestines au sein de la hiérarchie de l’Eglise ».

Cependant pour le P. Franco Sottocornola, théologien impliqué dans le dialogue entre chrétiens et bouddhistes au Japon, ce texte pose les fondations d’un dialogue vrai et fournit les bases dont les catholiques ont besoin dans ce domaine. Le relativisme contre lequel s’élève Dominus Iesus constitue effectivement une mauvaise approche », estime le P. Sottocornola, car il est nocif de ne pas dire ce qu’on croit, dans le but d’éviter le conflit ». Le vrai dialogue est de communiquer explicitement ce que chacun croit, dans le respect à son interlocuteur », conclut le missionnaire italien.

Toutefois, même en acceptant tous les éléments du document, les expressions utilisées doivent être nuancées pour pouvoir être lues en Asie ». Selon le prêtre italien, la controverse qu’a suscitée la publi-cation de Dominus Iesus est due plus à son ton occidental » qu’à son contenu. La manière orientale », explique-t-il, s’attache à créer en premier lieu les conditions d’un contact humain avant de passer au dialogue à proprement parler. Enfin, le P. Sottocornola estime que si la Congrégation pour la doctrine de la Foi s’était concertée avec le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, Dominus Iesus aurait été rédigé différemment ».

Le P. Sottocornola, docteur en théologie et spécialiste de liturgie, a fondé avec le moine bouddhiste Furukawa Tairyu un Centre pour le dialogue interreligieux (Tozai Shukyo Koryu) à Kumamoto, dans le sud du Japon.