Eglises d'Asie

Moluques : un responsables musulman des Célèbes prend position contre les forces du djihad et appelle à la fin des attaques des musulmans contre les chrétiens

Publié le 18/03/2010




S’exprimant le 14 septembre dernier au sujet de la situation aux Moluques, A.T. Zees, responsable musulman à Minahasa, dans la province des Célèbes septentrionales, a pris position contre les forces du djihad (12), déclarant que brûler les maisons et les églises des chrétiens, attaquer les chrétiens allaient contre l’enseignement de l’islam. Il a ajouté que les musulmans placés sous sa responsabilité, au nombre de 55 000, “étaient prêts à passer à l’action contre les combattants de la guerre sainte (djihad) », au cas où ceux-ci débarqueraient aux Célèbes.

S’exprimant devant une assemblée de responsables protestants, catholiques, hindous et bouddhistes, réunis sous l’égide du Badan Kerjasama Antar Umat Beragama (‘Organe de coopération interreligieuse’) à Tondano, aux Célèbes, A.T. Zees a affirmé qu’il comprenait et soutenait l’appel des dirigeants chrétiens des Moluques au gouvernement et aux militaires pour obtenir le retrait des combattants du djihad d’Amboine et de ses environs (13). Selon O. Rarun, un catholique de Minahasa, les propos de Zees démontre la solidarité des musulmans de Minahasa à l’égard des chrétiens qui souffrent aux Moluques. Une telle prise de position est compréhensible car les chrétiens, majoritaires à Minahasa et dans la province des Célèbes septentrionales, se sont toujours montrés tolérants envers les musulmans locaux ».

Ces deux dernières années, le conflit aux Moluques a forcé près de 30 000 personnes, en grande majo-rité des chrétiens, à fuir leur archipel. Ils ont trouvé refuge à Manado, Minahasa, Bitung, Sangir Talaud ou Bolaang Mongondow, aux Célèbes. Les autorités provinciales aux Célèbes ne disposant pas de fonds pour leur venir en aide, ces réfugiés sont totalement dépendants de l’aide – parcimonieuse – du gouvernement central et de la générosité des Eglises locales et de leurs organisations charitables. Selon des témoignages recueillis par l’agence Ucanews, les conditions de vie dans les camps sont précaires.

Par ailleurs, un responsable local de la police, sous couvert d’anonymat, a déclaré que les attaques des combattants du djihad contre les chrétiens aux Moluques n’ont rien de spontané. Selon lui, ces hommes ont été entraînés non seulement à Bogor (Java occidental), en Indonésie, mais aussi à Mindanao, aux Philippines ». Selon un officier de police de Tahuna, ville située sur les îles de Sangir Talaud, à mi-chemin entre Mindanao et Manado (aux Célèbes), les armes à feu qui ont contribué à l’aggravation du conflit ces derniers mois provenaient de Mindanao et ont transité par les îles de Sangir Talaud avant d’arriver à Ternate et Amboine, aux Moluques. La police à Tahuna détient deux hommes, suspectés d’avoir pris part à ce trafic d’armes. Les deux ont admis avoir reçu un entraînement aux Philippines et l’un des deux a dit avoir été formé au Pakistan.

Papouasie occidentale : 62 personnes sont mortes à la suite de l’intervention de l’armée au cours d’une émeute provoquée par l’abaissement du drapeau des indépendantistes papous

A Wamena, ville de Papouasie occidentale, le 6 octobre, une émeute a provoqué la mort d’au moins 62 personnes. Selon le P. Frans Lieshout, missionnaire d’origine hollandaise du diocèse de Jayapura, l’émeute a été déclenchée par l’intervention de la police venue amener le drapeau des indépendantistes papous, le Bintang Kejora (l’Etoile du matin» (14Les indépendantistes papous ont pris ce geste pour une provocation et se sont opposés par la force aux policiers, provoquant en retour l’intervention de l’armée.

Selon le P. Andreas Krismuadi, prêtre originaire de Java, une grande partie des victimes sont des migrants venus d’autres provinces du pays. Ils ont été tués avec des flèches empoisonnées, des lances ou des haches », a-t-il rapporté, ajoutant que aussi bien les Papous que les migrants ont été contraints par ces événements à quitter leurs maisons et à chercher refuge dans des mosquées ou des églises. Les gens d’ici (les Papous) ont peur des forces de l’ordre et les migrants ont peur des gens d’ici », a-t-il précisé.

Le P. Lieshout, présent dans cette région depuis 1960, soit trois ans avant que l’Indonésie intègre cette colonie hollandaise sous le nom d’Irian Jaya, craint que cette émeute ne soit le prélude à un cycle de violence, les uns et les autres cherchant à venger leurs morts. Des responsables du diocèse de Jayapura se sont rendus sur place pour réunir des informations sur ce qui s’est précisément passé dans le but de voir avec la police et l’administration locale comment enrayer la crise. Selon le P. Lieshout, parce que nous nous efforçons de garder le contact avec tout le monde, du haut en bas de l’échelle sociale, avec tous les groupes en présence », les Papous font encore confiance à l’Eglise (15).