Eglises d'Asie

Sous la menace de rebelles maoïstes, une école catholique dirigée par des religieux indiens est contrainte à fermer ses portes

Publié le 18/03/2010




A Gorkha, au centre du pays, une école catholique, tenue par des religieux indiens, a été attaquée par des hommes appartenant à la rébellion maoïste. Elle a été contrainte de fermer ses portes. Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, a expliqué que les maoïstes avaient présenté trois demandes « irréalistes » aux responsables de cette école, qui ont préféré fermer l’école faute de pouvoir les satisfaire. Selon lui, cet incident est lié au contexte local et ne revêt pas de connotation anti-chrétienne à proprement parler.

Selon le P. George Thayilkuzhithottu, un des deux prêtres d’origine indienne responsables de cette école, les rebelles maoïstes ont demandé que l’école Saint Joseph n’emploie en tant que personnel enseignant que des personnes du cru, que tous les partis politiques, y compris les maoïstes, soient représentés au bureau de l’école et enfin que les élèves des plus petites classes soient exemptés de frais de scolarité. Face à ces demandes, les deux prêtres, avec l’accord de Mgr Sharma, ont fermé l’école quelque temps avant de la rouvrir le 11 septembre dernier. La nuit même, les locaux étaient attaqués par plusieurs dizaines de militants maoïstes, dont quelques femmes, forçant les responsables catholiques à fermer de nouveau l’établissement.

Le cour du problème ne serait pas d’origine religieuse, à en croire les responsables catholiques sur place. Deux facteurs expliqueraient cet incident : premièrement, les maoïstes, d’une façon générale, veulent obtenir la fermeture de toutes les écoles secondaires et des internats, les institutions tenues par des non-Népalais constituant une cible prioritaire. Deuxièmement, il y a quatre ans, un jeune maoïste est venu « demander » de l’argent aux responsables de l’école Saint Joseph. Arrêté le lendemain en possession de quelques milliers de roupies, il a passé quelques temps en prison avant d’être libéré et de devenir le leader des maoïstes dans le secteur. L’attaque du 11 septembre s’apparenterait à une opération de vengeance personnelle.

Mgr Sharma a exprimé le souhait de ne pas voir cette affaire envenimer « l’esprit de réconciliation avec les maoïstes ». Saint Joseph n’est pas la seule école qui ait eu maille à partir avec les maoïste. D’autres établissements catholiques ont reçu des « courriers » de maoïstes les appelant à contribuer au « cinquième anniversaire » de l’insurrection maoïste. Le préfet apostolique du Népal souhaite que les écoles puissent continuer à fonctionner normalement.

Par ailleurs, les médias locaux ont rapporté que le 24 septembre, l’attaque d’une banque menée par plusieurs centaines de rebelles dans l’ouest du pays, dans le village de Dunai, avait causé la mort d’une douzaine de poli-ciers, les maoïstes s’enfuyant avec un butin de 60 millions de roupies (830 000 US$). Le 27 septembre, dans le district de Lamjung , situé non loin du village de Gorkha, l’attaque d’un poste de police a coûté la vie à huit poli-ciers. Ces deux attaques ont provoqué la démission du ministre de l’Intérieur, Govinda Raj Joshi, le 29 septembre.