Eglises d'Asie

Une distribution de vivres aux sinistrés des inondations dans la province de An Giang est interrompue par la police

Publié le 18/03/2010




Dans la matinée du 7 octobre 2000, le bateau transportant une délégation de religieux et fidèles du bouddhisme unifié, venue dans la province de An Giang pour secourir les sinistrés des inondations, a été arraisonné par la police. La délégation conduite par le recteur de l’Institut de la propagation du Dharma, le vénérable Thich Quang Dô, âgé de 73 ans, un des membres les plus importants de la hiérarchie du bouddhisme unifié, était en train de distribuer des secours dans la localité de Vinh Hôi, district de An Phu, lorsque la police est intervenue et a remorqué la barque de la délégation jusqu’à sa propre embarcation à laquelle elle a été attachée. Là les membres de la délégation ont été soumis à des interrogatoires qui ont duré de 10 heures du matin à 22 heures dans la soirée. Le lendemain, l’un des religieux présents, le vénérable Thich Không Tanh, a de nouveau été interrogé durant toute la journée. Les policiers reprochaient au religieux encore sous surveillance policière à Hô Chi Minh Ville, depuis sa libération de prison, d’avoir quitté sa résidence sans permission. Ils lui ont intimé l’ordre d’abandonner la délégation et de rentrer à Saigon dans la matinée du 9 octobre. Les autres membres du groupe étaient toujours retenus sur le fleuve dans la journée du 9 octobre et l’on éprouvait de sérieuses craintes pour la santé du vénérable Thich Quang Dô, sérieusement secouée par ces événements et le mauvais temps sévissant dans la région secourue.

En 1994, un expédition du même type organisée par le vénérable Thich Quang Dô, à la tête de laquelle se trouvait déjà le vénérable Thich Không Tanh, avait été interceptée à Saigon alors qu’elle se dirigeait avec dix camions de vivres vers les zones sinistrées de la plaine du Mékong (26). Lors d’un procès qui avait suivi, ces deux religieux avaient été condamnés à cinq ans de prison (27).

Le projet actuel de secours aux sinistrés auquel la police de Long Xuyên vient de mettre un terme avait été annoncé par Thich Quang Dô dès le 28 septembre, dans une lettre envoyée aux fidèles à l’intérieur du pays et à l’étranger. Le recteur de l’Institut de la propagation du Dharma y avait informé les destinataires de la lettre des activités de son Eglise en faveur des sinistrés. Le 20, 21, 22 septembre, trois délégations avaient été envoyées dans les trois provinces les plus touchées par l’inondation, porteuses d’argent et de vivres. L’une d’entre elles avait dû rebrousser chemin, repoussée de la province de An Giang par la police de Long Xuyên. Malgré cela, le religieux annonçait que la mission d’assistance aux sinistrés serait reprise et que lui-même se mettrait à la tête d’une délégation. Auparavant, dans une lettre ouverte datée du 24 septembre, il avait averti de son projet les plus hautes autorités du pays et leur avait demandé de lever les obstacles et les interdictions opposées par les autorités locales à l’accomplissement de cette mission de bienfaisance (28).

Effectivement, dans la matinée du 6 octobre, une des deux délégations prévues quittait Hô Chi Minh-Ville sans que la police ne s’y opposât, l’autre, au contraire, se voyait interdire de sortir de la ville. La délégation autorisée était composée de douze religieux, religieuses et laïcs et conduite par le vénérable Thich Quang Dô. Parvenu à Châu Dôc, le groupe était complété par un certain nombre de personnes venues là par d’autres moyens. C’est une équipe de 25 religieux et laïcs, qui après avoir loué une barque, s’est rendu, le lendemain, dans la région de An Phu pour y distribuer des secours. C’est à cet endroit que, peu de temps après, la police intervenait pour interrompre une mission que, semble-t-il, elle avait tolérée lors de son début.