Eglises d'Asie

Après la condamnation de cinq fidèles du bouddhisme hoa hao, un pourvoi en cassation est déposé

Publié le 18/03/2010




Au cours de la journée des pauvres, le 17 octobre, les dirigeants vietnamiens ont intensifié la campagne de lutte contre la pauvreté

Cependant, l’examen des critères de pauvreté choisis pour établir les statistiques conduit à tempérer l’optimisme dont les dirigeants ont fait preuve au cours de la journée des pauvres. En effet, l’estimation du seuil de pauvreté a varié dans le temps au Vietnam. Pour la période de 1996-2000, le ministère du Travail avait décidé qu’il serait fixé à un revenu individuel correspondant à 25 kg de riz par mois en ville et 20 kg de riz par mois à la campagne. Selon ce critère, le nombre de familles pauvres au Vietnam s’établissait en 1987 à 2,9 millions, 20,37 % de l’ensemble des familles. Cependant, au mois d’août dernier, de nouveaux critères ont été proposés par le ministère du Travail, dans le cadre de la campagne contre la pauvreté pour les 5 années à venir. Pour la zone urbaine, le seuil de pauvreté est fixé à 150 000 piastres par mois (80 francs ou 10,61 dollars) (23) à 100 000 dôngs pour la campagne et à 80 000 dôngs pour les régions montagneuses. Selon ces nouveaux critères, il y aura encore 25 % de pauvres en 2001, taux beaucoup plus élevé que les 10,6 % revendiqués officiellement. La proportion de pauvres serait encore plus importante si l’on adoptait les critères de la banque mondiale, puisque le seuil de pauvreté est fixé par elle, dans tous les pays en voie de développement, à un dollar de ressources quotidiennes pour une personne. Selon ces critères, c’est la moitié des familles vietnamiennes qui se situent au-dessous du seuil de pauvreté.

Après le procès du 26 septembre dernier au cours duquel un tribunal de la province de An Giang a condamné cinq fidèles du bouddhisme hoa hao à diverses peines de prison (24) pour calomnie et abus de la liberté démocratique une demande de pourvoi en cassation a été déposée par les familles des accusés. La nouvelle a été transmise par un communiqué du bureau du bouddhisme hoa hao à l’étranger, qui se trouve à Santa Anna en Californie. Il a aussi porté à la connaissance du public un certain nombre d’exactions commises par les autorités provinciales contre les fidèles hoa hao au Vietnam.

La demande de pourvoi, signée de quatre personnes, des proches parentes des accusés, s’appuie principalement sur deux articles de la constitution vietnamienne qui prévoient que le tribunal populaire porte son jugement après un procès public au cours duquel le droit de défense des accusés doit avoir été assuré. Or, selon le texte de la lettre au tribunal de grande instance, ni le public, ni les familles n’ont été admis au procès et les portes du local où il s’est déroulé avaient été soigneusement fermées. Aucun avocat n’était présent pour défendre les droits des accusés. Pis encore, les prévenus et même les témoins qui ont participé au procès n’ont pas eu le droit de s’exprimer. Par ailleurs, beaucoup de témoins importants n’ont pas été appelés par le tribunal. Enfin, les signataires de la lettre s’inscrivent en faux contre le motif de la condamnation, à savoir calomnie et abus de la liberté démocratique ».

Le même communiqué du bureau Hoa Hao à l’étranger signale que l’un des condamnés du procès du 26 septembre, Nguyên Châu Lang, aujourd’hui incarcéré à la prison de Bang Lang, a été l’objet de mauvais traitements de ses gardiens. Ces derniers ont voulu le débarrasser du chignon et de la barbe qui sont portés par beaucoup de fidèles et religieux hoa hao, comme insignes de leur adhésion à cette religion. L’intéressé ayant résisté, il a été pris à la gorge par ses agresseurs et étouffé. Par suite, il est resté dans l’impossibilité de boire et de manger pendant plusieurs jours.

Le communiqué mentionne aussi la mise en résidence surveillée pour une durée de deux ans d’un fidèle hoa hao, M. Nguyên Duy Tâm, de Phu My, dans la province de An Giang. Cette mesure a été prise par le Comité populaire de la province qui dans une décision datée du 14 septembre accuse l’intéressé détenu et reproduit des documents à caractère diffamatoire, incitant à la haine et appelant au renversement de de la république socialiste du Vietnam… En réalité, au cours d’une perquisition dans le domicile de M. Tâm, qui auparavant avait participé à une manifestation publique de protestation et était signataire d’une plainte contre les autorités locales, la police avait trouvé des cassettes où étaient enregistrées un certain nombre d’émissions en vietnamien de Radio Free Asia.

Au cours d’une conférence de presse tenue le 17 octobre et rapportée par diverses agences internationales, la porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes a qualifié de pures inventions les accusations portées par le bureau hoa hao à l’étranger contre les autorités locales qui auraient maltraité un prisonnier. Elle a cependant ajouté que les prisonniers devaient se soumettre au règlement intérieur de la prison.