Eglises d'Asie

Papouasie occidentale : la tension reste vive autour de la question du drapeau indépendantiste

Publié le 18/03/2010




Trois semaines après la mort de 32 personnes à Wamena (10), la tension reste vive en Papouasie occidentale, les éléments les plus actifs des indépendantistes papous réaffirmant leur intention de déclarer l’indépendance de la province le 1er décembre prochain et le ministre indonésien chargé de la coordination des affaires politiques, sociales et de sécurité dénonçant les visées des indépendantistes comme dangereuses.

Après l’incident de Wamena du 6 octobre, le gouvernement indonésien est revenu sur la politique annoncée par le président Wahid en décembre dernier (11). A cette date, à l’occasion du 1er décembre, jour anniversaire du mouvement indépendantiste papou, l’Indonésie avait accepté que l’Etoile du matin, emblème des indépendantistes, soit levée aux côtés des couleurs indonésiennes. Depuis l’incident de Wamena, provoqué par une querelle à propos de l’abaissement de l’Etoile du matin, les autorités indonésiennes ont d’abord décrété une interdiction totale de ce drapeau avant d’accepter qu’un seul de ces drapeaux par district soit autorisé à flotter au vent. Susilo Bambang Yudhoyono, ministre indonésien chargé de la coordination des affaires politiques, sociales et de sécurité, a déclaré le 23 octobre à des journalistes étrangers que les indépendantistes papous étaient allés trop loin. Selon lui, le Conseil papou et ses dirigeants ont pris des contacts avec plusieurs nations du Pacifique (Vanuatu et Nauru) afin d’obtenir d’elles un soutien dans leur lutte pour l’indépendance. Ce faisant, a déclaré le ministre, ces responsables papous ont outrepassé leur rôle qui était d’aider Djakarta à mettre en place une large autonomie en Papouasie occidentale mais en aucun cas de préparer une éventuelle indépendance. Susilo Bambang Yudhoyono a cependant réaffirmé que le gouvernement central indonésien avait toujours l’intention d’appliquer, à partir du 1er mai prochain, son plan de large autonomie pour la Papouasie occidentale.

De leur côté, les dirigeants du Conseil papou ont tenté d’obtenir – sans succès – un entretien avec le président Wahid, déclarant par avance qu’ils accepteraient ce que le président voudrait bien leur dire à propos de la levée ou non du drapeau indépendantiste. Mais, selon John Rumbiak, de l’Institut pour les droits de l’homme et la démocratie (Elsham), les hommes à la base du mouvement indépendantiste ne sont pas prêts à suivre leurs chefs sans rien obtenir. Ils disent : Tout ce que nous savons est que nous allons avoir notre indépendance le 1er décembre 2000 et que nous ne descendrons pas notre drapeau ; nous le », rapporte John Rumbiak.

Selon Franz Maniagasi, observateur de longue date de l’actualité de cette province, le drapeau est le point sur lequel se cristallisent les passions. Ce drapeau symbolise la lutte des Papous contre et 38 années de traitement discriminatoire ». Les hommes de la milice pro-indépendantiste papoue Satgas Papua sont prêts à tout pour défendre ce drapeau. En face d’eux, ajoute Franz Maniagasi, ils trouveront les migrants que la police encourage à porter des armes. La police, poursuit-il, attise les rivalités en tribus papoues. Lors des incidents de Wamena, les responsables des forces de l’ordre avaient placé à la tête des forces de police des officiers papous originaires d’autres tribus que celles qui refusaient l’abaissement de l’Etoile du matin.

Un peu moins des deux tiers des 2,5 millions d’habitants que compte cette province sont d’origine mélanésienne. Répartis en plus de 250 tribus, ils sont en grande partie chrétiens.