Eglises d'Asie

Timor occidental : des réfugiés est-timorais refusent d’être réinstallés sur d’autres îles et demandent à l’Eglise catholique de les aider à se réconcilier avec leurs frères du Timor-Oriental

Publié le 18/03/2010




Réunis le 4 octobre devant Mgr Anton Pain Ratu, évêque du diocèse d’Atambua, une soixantaine de représentants des réfugiés est-timorais présents au Timor occidental ont exprimé le désir des réfugiés de rester dans cette province de l’Indonésie, refusant les plans du gouvernement indonésien prévoyant leur transfert et leur installation sur une île isolée au large du Timor-Oriental. Ils ont aussi demandé à l’évêque catholique de les aider à se réconcilier avec les Est-Timorais qui vivent de l’autre côté de la frontière séparant le Timor occidental du Timor-Oriental.

Depuis le meurtre, le 6 septembre dernier, de trois fonctionnaires des Nations Unies à Atambua, l’ONU et les organisations humanitaires se sont retirées du Timor occidental, laissant le gouvernement indonésien seul responsable du sort des quelque 100 000 réfugiés est-timorais encore présents dans cette province. Selon les représentants de ces réfugiés, les autorités indonésiennes leur auraient proposé d’être transférés sur l’île de Wetar, une île de 7 300 km² peuplée de 6 000 personnes, située au large du Timor-Oriental (à 90 km de Dili) et rattachée administrativement aux Moluques. Selon Kompas, quotidien de Djakarta, les habitants de Wetar auraient donné leur accord mais à condition que les réfugiés soient dispersés sur toute l’île et qu’ils ne soient pas plus nombreux que la population de chaque village. Toujours selon Kompas, Wetar n’a pas de route et est visitée deux fois par mois par un navire dépendant des autorités indonésiennes. Un autre site proposé par le gouvernement serait l’île de Buru, nettement plus éloignée du Timor car située juste au large d’Amboine, capitale des Moluques. Buru est connue pour avoir « abrité » dans les années 1960 et 1970 les personnes suspectées de communisme après la tentative de coup d’Etat de 1965.

Selon l’un des représentants des réfugiés, le gouvernement indonésien offre deux choix aux réfugiés : le retour au Timor-Oriental en acceptant de se réconcilier avec les Est-Timorais du Timor-Oriental ou le transfert quelque part ailleurs en Indonésie mais en-dehors du Timor occidental. « Les réfugiés souffrent depuis plus an dans les camps au Timor occidental. Ils ne veulent pas être transférés à Wetar ou ailleurs ; ils choisissent donc le retour au TimorOriental et la réconciliation avec les EstTimorais mais ils souhaitent quand même rester au Timor occidental », explique encore ce représentant.

Selon Mateus Guides, un des représentants des réfugiés, il a été fait appel à Mgr Anton Pain Ratu dans l’espoir de parvenir à la réconciliation entre les réfugiés et les habitants du Timor-Oriental. Les réfugiés espèrent que les deux évêques du Timor-Oriental, Mgr C. Belo et Mgr B. do Nascimento, ont été mis au courant de leur démarche. L’évêque d’Atambua a répondu qu’il était prêt à servir de médiateur pour autant que tous les Est-Timorais « souhaitent réellement se pardonner mutuellement, oublier le passé et commencer à pour bâtir ensemble un nouveau TimorOriental ».

Par ailleurs, le 24 octobre, l’organisation Human Rights Watch a appelé le gouvernement indonésien à arrêter les procédures d’enregistrement des réfugiés au Timor occidental en vue de leur retour au Timor-Oriental ou de leur transfert ailleurs en Indonésie, arguant du fait qu’aucune garantie ne pouvait être fournie quant au libre choix des réfugiés. Plusieurs organisations humanitaires internationales ont déclaré être prêtes à repartir au Timor occidental assister ces réfugiés mais avoir besoin d’assurances quant à leur sécurité sur place. Malgré les promesses faites, le gouvernement indonésien ne s’est pas encore montré en mesure de désarmer les milices est-timoraises pro-indonésiennes qui entretiennent un climat de tension au sein des camps de réfugiés.