Eglises d'Asie

Avant la visite du président américain, l’archevêque de Saigon s’est exprimé sur la situation religieuse du Vietnam

Publié le 18/03/2010




Deux jours avant la visite du président Bill Clinton au Vietnam, qui devait commencer le 16 novembre et durer quatre jours, aucune déclaration de l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville n’était venue confirmer la nouvelle, annoncée par plusieurs agences de presse, d’une possible rencontre entre l’archevêque, Mgr J.-B. Pham Minh Mân, et l’illustre visiteur. Ce dernier, pressé par de nombreuses organisations internationales, tient à s’informer sur place de la situation des différentes religions au Vietnam. L’archevêque, lui-même, s’est montré d’une grande discrétion à cet égard. C’est avec la même extrême sobriété qu’il a répondu aux quelques questions que lui a posées un représentant d’un groupe de presse international en prévision de la visite.

Sur un certain nombre de sujets, comme le nombre de catholiques détenus, les limitations de culte imposées aux Eglises domestiques, la campagne entreprise pour détruire les autels des Eglises non reconnues et forcer leurs adeptes à renoncer à leur religion, l’archevêque a affirmé n’avoir pas assez d’informations pour pouvoir répondre. Par contre, il a souligné que si la situation de l’Eglise catholique s’était améliorée ces dernières années, elle rencontrait encore un certain nombre de difficultés et de limitations. Les secteurs d’activité qui, selon lui, sont soumis aux plus fortes limitations sont celui de la formation du personnel d’Eglise, à savoir les futurs prêtres, les prêtres et les laïcs engagés, et celui des activités sociales. Interrogé pour savoir si les activités caritatives de l’Eglise allaient pouvoir se développer ou si ce domaine resterait un monopole du Parti et du gouvernement, Mgr Mân a répondu, que, comme tous les Vietnamiens, l’Eglise catholique se sentait le droit et le devoir d’aider ses compatriotes et de contribuer à l’édification du pays.

Sur les autres points particuliers sur lesquels il lui était demandé d’apporter des précisions, l’archevêque ne s’est jamais départi de la même sobriété. Après avoir énuméré les diocèses aujourd’hui sans évêque (Hung Hoa, Hai Phong, Bui Chu), il a fait remarquer que cet état de choses était dû au désaccord entre les deux parties (le gouvernement et le Saint-Siège qui négocient ces nominations) concernant les points de vue et les critères à appliquer. A son interlocuteur lui demandant pourquoi le Vietnam avait fourni une terre si fertile au catholicisme, il a fait remarquer que le sentiment religieux a toujours été ressenti profondément par beaucoup de Vietnamiens et qu’ils avaient de tout temps adhéré à de nombreuses religions. Au sujet d’une éventuelle visite du Pape, Mgr Mân s’est contenté de rapporter la position du gouvernement vietnamien qui affirme que celle-ci doit être précédée de la reprise des relations diplomatiques entre le Vietnam et le Saint-Siège.

Une question d’actualité a reçu une réponse un peu plus circonstanciée. Comme on le priait de commenter les propos de Lê Kha Phiêu rapportés par les agences de presse, affirmant avoir été ému en écoutant une phrase d’un chant catholique J’étais vietnamien avant de devenir catholique l’archevêque a avoué sa perplexité : Peutêtre, a-t-il répondu, l’auteur de cette phrase a essayé de trouver un dénominateur commun permettant de dialoguer et de sympathiser avec ses compatriotes appartenant à d’autres religions ou d’idéologies différentes de la sienne. Si telle était son intention, c’est une bonne chose ».