Eglises d'Asie

Surabaya : des catholiques et des musulmans s’opposent à ce qu’un prêtre catholique aide des musulmans à reconstruire leur lieu de culte

Publié le 18/03/2010




Dans le diocèse de Surabaya, situé à l’est de l’île de Java, des catholiques et des musulmans refusent la récente initiative d’un prêtre catholique. Selon le P. Y. Gani Sukarsono, l’aide qu’il veut apporter à des musulmans pauvres qui vivent sur le territoire de sa paroisse pour reconstruire leur « mushola » (équivalent pour les musulmans de ce qu’est une chapelle pour les catholiques) est mal comprise tant par certains musulmans que par certains de ses paroissiens. Cet épisode concrétise les difficultés que l’on peut rencontrer à mettre en pratique le dialogue interreligieux dans la vie pratique, estime le P. Sukarsono, prêtre de la Congrégation de la mission (lazariste).

Après avoir constaté que les musulmans de sa paroisse avaient du mal à réunir les fonds nécessaires à la rénovation de leur mushola, le P. Sukarsono leur a proposé son aide. Mais, de la part de certains musulmans, il a rencontré des réticences : de nombreux musulmans ont appris depuis leur enfance à protéger leur identité religieuse en n’acceptant rien des non-musulmans, tout particulièrement des chrétiens. Le P. Sukarsono, qui donne des conférences à propos du christianisme aux musulmans, raconte que certains de ses étudiants musulmans estiment qu’il est haram (illicite) de construire une mushola avec l’argent des chrétiens. En sens inverse, certains de ses paroissiens lui ont déclaré qu’il serait plus avisé d’utiliser l’argent de l’Eglise pour construire une chapelle aux paysans catholiques plutôt que d’aider des musulmans à rebâtir leur mushola.

Ne sachant plus que faire, le P. Sukarsono a cherché conseil auprès de son évêque et Mgr Johannes Hadiwikarta, évêque de Surabaya, l’a encouragé à inviter le plus possible de catholiques à le rejoindre pour aider les musulmans afin de ne pas rester seul à mener cette initiative. Le P. Sukarsono conclut en expliquant que les catholiques dans son diocèse, qui vivent dans un milieu majoritairement musulman, sont partagés entre la dimension « inclusive » ou « exclusive » à donner aux communautés ecclésiales de base.