Eglises d'Asie

Jolo : tandis que l’intensité des opérations des forces armées philippines diminue peu à peu, l’Eglise catholique participe aux efforts de reconstruction

Publié le 18/03/2010




Dans l’île de Jolo où deux otages, un Américain et un Philippin, sont toujours entre les mains de factions du groupe Abu Sayyaf, les opérations des forces armées philippines diminuent peu à peu en intensité (17). Dans ce contexte de relatif apaisement, le vicariat apostolique de Jolo continue d’aider autant qu’il lui est possible les quelque 100 000 réfugiés regroupés autour de la ville de Jolo. Mgr Angelito Lampon, évêque de Jolo, a également précisé que lui, ses prêtres et les religieuses du vicariat apostolique de Jolo envisagent déjà d’aider à reconstruire les habitations détruites dans les zones où les combats entre le groupe Abu Sayyaf et l’armée philippine ont été les plus violents, en particulier dans la région de la ville de Talipao.

Selon Mgr Lampon, les réfugiés qui ont fui les zones des combats ont peur de rentrer chez eux, même si les opérations militaires sont désormais moins intenses et moins fréquentes. Selon le commandement militaire philippin, plus de 100 accrochages ont opposé les troupes philippines aux hommes du groupe Abu Sayyaf depuis le début des opérations en septembre dernier. Toujours selon des sources militaires philippines, 171 membres d’Abu Sayyaf ont été tués au combat, 125 ont été faits prisonnier et 230 autres se sont rendus. Une centaine d’hommes d’Abu Sayyaf resteraient actifs, cachés dans la jungle de Jolo. Dans un tel contexte, le retour à la normale n’est pas aisé. La priorité de Mgr Lampon est toujours de venir en aide aux réfugiés. Le vicariat cherche à se procurer une centaine de tentes pour abriter les réfugiés hébergés dans des écoles sur le pourtour de la ville de Jolo. Ces tentes permettraient de les abriter tout en libérant les salles de classes afin que les cours reprennent. Mgr Lampon ajoute que l’aide apportée par les autorités philippines est insuffisante. Pour nourrir ces réfugiés, des paysans musulmans dans leur écrasante majorité, le vicariat a dépensé 200 000 pesos (4 000 US$).

Afin d’assurer la sécurité des prêtres, des religieuses et des laïcs qui travaillent auprès des réfugiés, Mgr Lampon précise que le vicariat a dû s’organiser lui-même, en mettant sur pied un ersatz de service d’ordre. En effet, le 8 novembre dernier, le commandement militaire lui a officiellement notifié que les soldats affectés à sa protection lui étaient retirés car la présence de ces derniers était requise pour les opérations sur le terrain (18). En fait, Mgr Lampon estime que ce changement traduit plutôt l’agace-ment du commandement militaire aux propos du P. Romeo Villanueva. Fin septembre, ce prêtre du vi-cariat avait déclaré que le bilan était lourd » au sein de la population civile après la pluie de bombes » et les attaques terrestres engagées dans six villages de Sulu. Le prêtre avait demandé aux mili-taires de lever le blocus imposé à l’île et appelé le Congrès philippin à enquêter sur la situation à Jolo.

Cependant, Mgr Lampon a déclaré que le retrait des militaires de la cathédrale et de sa résidence épiscopale était une bonne chose : Sans protection militaire, nous gagnons en crédibilité auprès des gens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans ». Environ 45 prêtres, religieuses et religieux travaillent au sein du vicariat apostolique de Jolo, lequel couvre les provinces de Sulu et de Tawi-Tawi. Moins de 2 % de ses 700 000 habitants sont catholiques, la région étant musulmane à 90 %.