Eglises d'Asie

Le régime d’assurance maladie menace la survie des hôpitaux privés catholiques

Publié le 18/03/2010




Des problèmes de retard de remboursement et l’apparition de nouvelles chaînes d’établissements hos-pitaliers menacent la survie des hôpitaux à but non lucratif dont certains sont gérés par des institutions catholiques. Mgr Peter Liu Chen-chung, évêque de Chiayi, a confié aux journalistes de l’agence Ucanews son inquiétude de voir le régime d’assurance maladie obligatoire exercer une contrainte fi-nancière sur les hôpitaux gérés par des institutions catholiques en différant souvent les rembourse-ments d’une quinzaine de jours. Les trois hôpitaux catholiques du diocèse de Chiayi – l’hôpital St Joseph, géré par le diocèse, l’hôpital du Bienheureux Capillas et celui de St Martin de Porre, tous deux tenus par les Sours de Notre Dame de Chine – ont prodigué des soins à 991 000 malades en 1998.

Le régime d’assurance maladie obligatoire couvre 96 % de la population taiwanaise. Il prévoit que tout assuré paye une cotisation et l’administration du district où l’assuré cotise complète par une subvention aux établissements hospitaliers. Le système est déficitaire depuis deux ans. Pour pénaliser les districts qui ne paient pas en temps voulu, l’administration centrale de l’assurance maladie vient de suspendre les remboursements réclamés par les établissements médicaux de plusieurs régions dont les districts de Chiayi et de Yunlin qui font l’un et l’autre partie du diocèse de Chiayi.

Comme les malades sont autorisés à s’adresser à n’importe quel hôpital ou clinique sous contrat, beau-coup de patients choisissent l’hôpital le plus grand et le mieux équipé. Un certain nombre de centres médicaux gérés par l’Eglise, au centre et au sud de Taiwan, sont sur le point de fermer, explique Mgr Liu, président de la Commission pour la santé de la Conférence des évêques de la région chinoise de Taiwan. Une enquête de l’Association des établissements hospitaliers régionaux révèle qu’en moyenne, sept établissements chaque mois ont été contraints de fermer leurs portes ces derniers six mois. Lin Tsu-wu, sous-directeur de l’hôpital Far Eastern Memorial de Taipei, a reconnu que seuls les hôpitaux d’un certain standing pourraient survivre à ces coûts très élevés. Mgr Liu indique également que, suite à l’introduction du régime d’assurance maladie, l’hôpital du Bienheureux Capillas, de 62 lits, à Yunlin, originellement géré par les Sours dominicaines, avait été placé sous l’administration de St Martin de Porres, sa construction à peine terminée en 1998. L’hôpital St Martin de Porres s’est agrandi en s’associant à deux autres cliniques catholiques, en construisant la clinique Alishan à but caritatif pour les aborigènes en 1998 et en mettant sur pied un centre de soins l’année suivante.

Depuis l’introduction en 1955 du régime d’assurance maladie, son système de remboursement est la cible de toutes les critiques. Il est, entre autre, accusé d’encourager le gaspillage par des prescriptions d’examens et de médicaments inutiles. Taiwan possède le pourcentage de consultations par personne le plus élevé au monde. Beaucoup de patients ne prennent pas toute la médication prescrite alors que d’autres en prennent trop. De plus, le système prévoit un remboursement plus élevé aux hôpitaux qui ont un nombre raisonnable » de consultations de patients externes à l’établissement. Ce système pousse les médecins à recevoir jusqu’à 150 patients externes par jour, réduisant d’autant la qualité des soins. Le montant des remboursements pour les hôpitaux est différent s’il s’agit d’un hôpital universitaire, régional ou d’arrondissement. Ce qui pousse beaucoup d’hôpitaux à but commercial à s’agrandir et à créer des chaînes pour recevoir plus d’argent, et pénalise d’autant les hôpitaux gérés par l’Eglise et à but caritatif.