Eglises d'Asie

L’Eglise au Kerala soutient le mouvement des paysans contre la baisse du prix de vente des noix de coco

Publié le 18/03/2010




Au cours des trois derniers mois, dans le Kerala, dont le nom signifie « terre des cocotiers le prix de vente de la noix de coco a chuté d’un tiers, réduisant dramatiquement les ressources ordinaires des agriculteurs. A travers tout le pays, des prêtres catholiques se sont portés en tête du mouvement de protestation qui s’en est suivi et de la campagne lancée contre l’importation d’huile de palme rendue responsable de l’écrasement des prix. Le mouvement est particulièrement fort dans le diocèse de Thamarassery, diocèse catholique de rite syro-malabar, où le P. Anthony Kozhuvanal a pris la tête du mouvement Karshaka Munnetta Samitti (groupe des paysans pionniers, KMS). Fondée le 2 octobre dernier par le diocèse, cette association veut donner aux paysans pauvres de cette région montagneuse, la possibilité de lutter contre la politique mise en oeuvre par l’Etat. Le KMS organise actuellement des manifestations dans tout l’Etat. L’évêque du lieu était présent à certaines d’entre elles.

Le Kerala produit quelque 7 000 millions de noix de coco par an, plus que tous les autres Etats du pays. L’huile de coco se vendait à 70 roupies (1,5 dollar) le kilo au début des années 1990. Le prix a baissé depuis que le gouvernement a supprimé les barrières douanières faisant obstacle à l’importation de l’huile de palme, particulièrement au cours des derniers mois. L’huile de coco est vendue aujourd’hui à 30 roupies le kilo, alors que l’on peut se procurer l’huile de palme à 25 roupies. Les conséquences pour la vie ordinaire des cultivateurs sont désastreuses. Joseph Mathiew, un catholique producteur de noix de coco a été obligé de retirer sa fille de la pension scolaire où elle était, faute de pouvoir en payer les frais. Les marchands refusent aujourd’hui de lui acheter sa production et ses emprunts à la banque ne cessent de s’élever.

Les paysans de toutes confessions religieuses se sont joints à la campagne de boycott de l’huile de palme menée par l’Eglise. A la fin octobre, un village à majorité catholique s’est même déclaré « affranchi de l’huile de palme ». Les dirigeants du mouvement affirment que grâce au boycott, les prix se sont déjà légèrement relevés. Cependant, ils reconnaissent que cette augmentation est loin d’être suffisante et affirment lutter pour l’interdiction absolue de l’importation de l’huile de palme. L’évêque de Trichur, Mgr Jacob Thoomkuzhy, soutient chaleureusement le mouvement actuel des paysans pauvres du Kerala. Il affirme qu’aujourd’hui ceux-ci ont besoin d’une aide morale et financière et que l’Eglise s’engage à la leur fournir. Il a critiqué avec vigueur le peu d’attention portée par les autorités de l’Etat pour les produits locaux comme la noix de coco et leur faiblesse devant les importations extérieures.

La majorité des cinq millions des chrétiens du Kerala sont des paysans assurant leur subsistance grâce à la culture de l’hévéa, du poivre noir, de la noix de coco et de la cardamome. Mais leurs ressources ont très sérieusement décliné depuis 1991, date à laquelle l’Inde a ouvert ses marchés sur l’extérieur, ce qui a entraîné la baisse du prix de certaines denrées.

Les autorités civiles ne regardent pas d’un bon oil la campagne de prix soutenue par l’Eglise et affirment être tenues par les clauses des traités de commerce internationaux. Thomas Varghese, président de la commission des prix agricoles pour l’Etat du Kerala a fait remarquer publiquement que depuis que l’Inde est signataire des conventions de l’Organisation du commerce mondial, il lui est interdit de s’opposer aux importations d’huile de palme.