Eglises d'Asie – Indonésie
Moluques : malgré la violence, le diocèse catholique d’Amboine cherche à promouvoir la paix et l’harmonie dans l’archipel
Publié le 18/03/2010
Les délégués à cette assemblée pastorale ayant redit l’importance pour l’Eglise de s’engager en faveur de la justice et de la défense des droits de l’homme, chaque paroisse du diocèse est invitée à mettre sur pied un bureau ‘Justice et paix’. Ce réseau permettra d’aider le Centre de crise du diocèse, situé à Amboine, à poursuivre plus efficacement encore son ouvre d’information. Les délégués ont souligné l’importance de ce Centre de crise pour la compréhension du conflit qui ravage les Moluques.
Cette réunion s’est déroulée à Langgur, une ville située dans la partie sud-ouest des Moluques. Ce lieu avait été choisi car le sud-ouest des Moluques est la seule partie de l’archipel jusqu’à présent épargnée par les violences.
La communauté catholique des Moluques constitue une petite minorité au sein de la population de l’archipel. Les chrétiens qui étaient majoritaires jusqu’à il y a une vingtaine d’années ne représentent plus que 40 % de la population de l’archipel et appartiennent dans leur très grande majorité à diverses Eglises protestantes. Les soixante autre pour cent de la population sont musulmans.
Aceh : dans l’unique paroisse catholique de la province, la moitié des fidèles est partie se réfugier ailleurs et l’autre moitié, toujours présente, tente de vivre normalement
A Aceh, où les affrontement entre les forces de l’ordre et les partisans du mouvement Aceh libre font chaque jour plusieurs morts, les catholiques de l’unique paroisse de la province tentent de mener une vie normale. Selon le P. Fernandino Severi, curé de la paroisse du Sacré Cour de Jésus à Banda Aceh, capitale de la province, sur les 1 100 fidèles que comptait la paroisse il y a quelques années, il ne reste plus que 500 catholiques aujourd’hui. “Craignant que le pire soit encore à venir, explique le missionnaire d’origine italienne, de nombreux catholiques ont quitté la province ». Cependant, lorsque la tension monte, le prêtre s’efforce de mener ses activités pastorales comme à l’accoutumée. “Mes paroissiens semblent inquiets mais ils continuent de venir à l’église pour assister à la messe et recevoir les sacrements », poursuit le P. Severi.
Dans leur grande majorité, les fidèles de cette paroisse appartiennent à la communauté chinoise d’Indonésie. Les autres sont des migrants de la province voisine de Sumatra nord ou bien de Java. Mais, ainsi que le précise le P. Severi, on ne compte aucun Acehnais parmi eux. “Aucun Acehnais ne devient catholique. Ils sont tous musulmans ». De fait, 98 % des 3,5 millions habitants de la province d’Aceh, située à l’extrémité septentrionale de l’île de Sumatra, sont musulmans. Dans ce contexte, “il est très important pour nous de maintenir de bonnes relations avec nos voisins, explique le P. Severi. Quand l’un de nos voisins musulmans est victime [des violences qui opposent les forces armées aux militants d’Aceh libre], nous devons l’aider ». Le P. Severi poursuit en expliquant qu’il doit sans cesse rassurer ses paroissiens qui vivent dans la peur des affrontements. Une grande partie des victimes de ces affrontements sont en effet des civils et “bien qu’aucun catholique n’ait encore été victime de ces violences, ils ont peur ».
En dépit du climat très tendu qui règne dans la province, le P. Severi estime que l’Eglise catholique ne disparaîtra pas de cette province. “Elle continuera à exister pour mener à bien sa mission de service auprès de tous, pas seulement auprès des catholiques. L’Eglise coopère avec tous les hommes de bonne volonté pour la défense de l’humanité et nous maintenons de bonnes relations avec les oulémas et les pasteurs protestants », affirme ce missionnaire franciscain, en ajoutant : “Nous échangeons des visites de courtoisie à l’occasion de la fête de Noël, de Pâques et des célébrations d’Id al–Fitr ». Présent à Banda Aceh depuis neuf ans, il poursuit en déclarant qu’aux yeux de la population musulmane d’Aceh, ce sont les militaires et le gouvernement indonésiens qui sont les ennemis, pas les fidèles des autres religions. Sur le terrain, les catholiques sont “épargnés et même respectés », conclut-il.
Le 14 novembre dernier, un porte-parole de la police a déclaré que, depuis août 1998, au moins 660 civils, 96 policiers et 75 soldats ont été tués à Aceh ; 158 civils, 25 policiers et 18 soldats sont portés disparus. Selon diverses sources, la lutte opposant les forces armées aux partisans du mouvement Aceh libre (qui luttent depuis longtemps pour l’indépendance de leur province) a causé la mort d’au moins 5 500 personnes. L’armistice passé entre l’armée indonésienne et les partisans d’Aceh libre en juin dernier n’a pas empêché les combats de se poursuivre (14) et, selon les médias locaux, 240 personnes ont trouvé la mort depuis lors. Le P. Severi estime que la solution au conflit à Aceh ne peut être militaire, les Acehnais souhaitant la réconciliation et une approche pacifique à leur principale revendication : l’organisation d’un référendum sur l’indépendance.