Eglises d'Asie

Opération policière de grande envergure contre une secte religieuse syncrétiste

Publié le 18/03/2010




Depuis quelques mois, la police vietnamienne a lancé, dans tout le pays, une opération de grande envergure visant une secte religieuse syncrétiste de création récente, appelée “Thanh Hai Vo Thuong Su du nom de sa fondatrice, le maître suprême Thanh Hai. Voilà déjà quelques années que ce groupe religieux, considéré comme anticommuniste par les autorités du pays, est l’objet de la répression gouvernementale.

Le 7 octobre dernier, sept adeptes de la secte ont été arrêtés dans la province de Phu Yên au Centre Vietnam, par la police locale qui a en même temps saisi un grand nombre de documents écrits. Au début du mois novembre, selon le journal Thanh Niên, à Tuy Hoa, chef-lieu de cette même province, dix membres du groupe religieux en question ont été appréhendés dans une maison privée alors qu’ils pratiquaient des exercices religieux propres à leur secte, en flagrant délit dit le rapport de police. Parmi eux se trouvaient les propriétaires de la maison et deux enseignants. Sur place, la police a saisi 200 kilos de documents en rapport avec l’enseignement de la secte, dont un certain nombre étaient porteurs de propagande anti-gouvernementale. Il semble que les personnes arrêtées par la police ont été ensuite placées en résidence surveillée avant d’être traduites devant la justice pour appartenance à une religion non reconnue. Plus récemment, c’est à Hô Chi Minh-Ville que les forces de sécurité sont allées pourchasser les fidèles du Thanh Hai Vo Thuong Su. Mercredi, 22 novembre, la police vietnamienne affirmait avoir saisi plus de 80 kilos de documents diffusés par cette secte et arrêté un de ses fidèles, M. Lê Van Tri. Selon les déclarations d’un policier, au moment de son arrestation, cet adepte était en possession de livres et de photos.

C’est en 1996, que la secte Thanh Hai Vo Thuong Su a attiré pour la première fois l’attention de la police vietnamienne, qui, semble-t-il, a été alertée par le contenu anti-communiste de la doctrine religieuse propagée par elle. A la fin du mois d’avril 1996, trois propagandistes du groupe, deux hommes et une femme, avaient été arrêtés dans le district de Diên Ban, au sud de Da Nang, alors qu’il exposaient leur doctrine en public (24). Aux dires des rapports de police, les propagandistes étaient d’anciens boatpeople ayant adhéré à la secte dans les camps de demandeurs d’asile de Hongkong où ils ont séjourné plusieurs années. Rentrés au pays en 1993, ils se seraient faits les porte-parole de cette religion. Plus tard, en mars 1999, le tribunal de Da Nang condamnait trois membres du groupe religieux à des peines de prison. Le principal accusé, Han Vu Hung, avait été arrêté en septembre 1998. Accusé de distribuer une lettre d’information » calomniant le régime en place, il avait été condamné à trois ans de prison ferme. Avec lui, deux autres fidèles de la secte, anciens combattants de l’armée du sud, s’étaient vu infliger un an de prison pour complicité. La sentence reprochaient aux trois inculpés d’avoir abusé de la liberté et de la démocratie et violé les intérêts de l’Etat. Tout récemment, le rapport annuel du département d’Etat américain sur l’état de la liberté religieuse dans le monde, publié le 5 septembre 2000, faisait état de critiques parues dans les journaux officiels en juillet 1999 contre 100 disciples de la secte vivant dans la province de Long An (25).

Les médias officiels fournissent des renseignements contradictoires sur la secte. La littérature diffusée par le groupe religieux lui-même contient une biographie, sans doute hagiographique, de la fondatrice, appelée Maître suprême Thanh hai. Elle est née au Vietnam de parents catholiques, mais ouverts au bouddhisme. Dès sa plus jeune enfance, elle se serait initiée à toutes les religions du Vietnam, bouddhisme, confucianisme etc. A l’âge adulte, on la retrouve en Allemagne, comme traductrice à la Croix-Rouge où elle aide ses compatriotes réfugiés. Elle se marie à un savant de ce pays. Pour poursuivre sa vocation, elle quitte son mari. C’est un maître tibétain qui l’aurait initiée à la méthode de Quan Yin » (Quan Am) qu’elle expose dans les écrits qu’elle diffuse et lui aurait transmis la révélation divine. On la retrouve ensuite à Taiwan où elle aurait fondé sa religion en 1989 et à Hongkong où elle offre les services de la secte dans les camps de réfugiés. Elle présente elle-même sa méthode religieuse comme une voie pour retrouver Dieu en soi-même.