Eglises d'Asie – Corée du sud
DÉCLARATION DE REPENTANCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES SUD-CORÉENS
Publié le 18/03/2010
L’Eglise est appelée à transmettre aux gens la grâce du salut que le Christ a accompli. Cependant, nous confessons sans détour que nous, en tant que disciples du Christ, n’avons pas rempli complètement notre mission. Il est juste et vrai que nous, frères et sours dans le Corps mystique du Christ, devons faire pénitence pour les fautes que nous avons commises par le passé. Sur la base de cette pénitence, nous voulons nous renouveler et nous réconcilier avec le peuple de Corée, notre peuple ; nous voulons marcher ensemble avec ceux qui s’efforcent de faire l’histoire, une histoire nouvelle.
Au cours des périodes de persécution contre l’Eglise catholique en Corée, lorsque les gens étaient très peu au fait de la situation qui était alors celle du reste du monde, nous avons parfois tenté d’obtenir la liberté de religion et de protéger l’Eglise en nous plaçant sous la dépendance de puissances étrangères. Nous avons connu certains conflits de culture dans le processus qui a mené à l’introduction de la culture occidentale [en Corée]. Ainsi que l’ont montré des événements qui ont été causes de souffrances et de blessures pour notre peuple, nous avons parfois pris part aux pressions injustes exercées par des pays étrangers.
Nous regrettons qu’il y ait parfois eu des incompréhensions et, ce qui est plus grave, des restrictions imposées aux fidèles qui ont pris une part active dans le mouvement pour l’indépendance du peuple coréen, au cours des temps sombres durant lesquels le peuple coréen subissait l’invasion des puissances occidentales et la colonisation japonaise, même si cela a été fait dans le but d’assurer la paix et la stabilité de l’Eglise, au nom du principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Nous exprimons le regret de ne pas avoir été impliqués de la meilleure façon qui soit dans les efforts entrepris pour dépasser la division du peuple coréen, laquelle est advenue lors de la réorganisation du monde, après l’indépendance nationale, pour parvenir à l’unité et à la réconciliation et nous nous sentons désolés pour les sacrifices imposés à de nombreuses personnes au cours de cette période.
Nous faisons notre examen de conscience des trop faibles efforts que nous avons entrepris afin de résoudre les conflits entre les régions, les classes sociales et les générations et afin de promouvoir les droits des personnes rejetées et discriminées au sein de notre société telles que les handicapés et les travailleurs immigrés.
Nous n’avons pas fait les efforts suffisants pour amener les gens à ce que tous les hommes, créés à l’image de Dieu, vivent en harmonie et en bonne entente sur la base des valeurs morales vraies dans une société où l’égoïsme, les périls moraux, les atteintes à la loi et la corruption sont fort répandus. En particulier, nous n’avons pas assez prêté attention à la jeunesse afin que les jeunes grandissent dans l’amour de Dieu et de leur prochain, la conscience droite.
Nous n’avons pas toujours suivi l’exemple de Jésus qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir » (Marc, 10,45). Parfois, notre clergé ne donne pas un exemple moral et éthique à la société et fait preuve d’autoritarisme ou poursuit les tendances du monde, s’attachant de manière excessive, par exemple, à la croissance quantitative de l’Eglise.
Nous confessons que nous n’avons pas compris pleinement les valeurs spirituelles et culturelles, les vertus morales et sociales qui sont celles des autres religions présentes en Corée, un pays pluri-religieux.
Nous confessons que nous ne nous sommes pas montrés fidèles à notre appel à être le sel et la lumière du monde comme Jésus nous l’a enseigné. A cette occasion, nous demandons pardon à tous ceux que nous avons blessés par notre indifférence, notre dédain et nos fautes. Nous renouvelant dans la pénitence, nous promettons de faire de notre mieux pour construire un monde meilleur, un monde de justice et de paix, dans l’unité, avec toutes les personnes de bonne volonté, en suivant l’enseignement du Christ.
Nous prions le Seigneur qu’Il vous accorde, à vous tous, Sa grâce1) Voir EDA 320