Eglises d'Asie

Mindanao : l’évêque de Kidapawan retire deux missionnaires, menacés d’enlèvement, de leur paroisse et exprime son inquiétude pour les populations civiles, victimes d’exactions

Publié le 18/03/2010




A Mindanao, dans la partie sud-ouest de l’île, Mgr Romulo Valles, évêque de Kidapawan, a préféré demander à deux de ses prêtres, missionnaires américains des PIME (Institut pontifical des missions étrangères), de quitter leur paroisse plutôt que de courir le risque d’être enlevés et tués. Dans cette région, depuis fin 1999, des combats opposent des militants du MILF (Front moro de libération islamique) et l’armée gouvernementale. A plusieurs reprises, le P. Steve Baumbusch, curé de la paroisse de Columbio, et le P. Peter Geremia, directeur du Tribal Filipino Program du diocèse, qui vient aider le P. Baumbusch à Columbio au cours des week-end, ont été menacés d’être enlevés et tués. Selon le P. Alfredo Palomar, directeur diocésain des PIME, les auteurs de ces menaces sont des “commandants perdus » musulmans du MILF qui n’agissent pas pour des motifs politiques ou religieux. “Ils ont menacé de kidnapper les deux prêtres tout simplement parce qu’ils croient que ces prêtres, étant étrangers, ont de l’argent », précise-t-il.

En l’absence de leur curé, les villageois de Columbio craignent pour leur vie. Un prêtre philippin a bien été nommé pour remplacer le P. Baumbusch mais il ne peut se rendre dans le village que le dimanche. Des familles, chrétiennes ou musulmanes, appartenant ou non aux groupes aborigènes locaux, disent avoir été victimes de l’une ou l’autre des parties armées en présence. Mgr Valles rapporte que près de 800 familles de Columbio ont dû être évacuées vers d’autres villages après que le 12 novembre, une famille entière, à l’exception d’un seul homme, ait été exterminée par un groupe d’une dizaine d’hommes en armes. Quelques semaines auparavant, sept aborigènes de Columbio avaient été arrêtés, détenus et torturés par des soldats du 64ème bataillon d’infanterie, posté dans les environs. Interrogés, ils ont enduré un simulacre d’exécution. Puis, ayant été forcés de revêtir des T-shirts aux couleurs de la Nouvelle armée populaire (communiste), ils ont été contraints de confesser une prétendue appartenance à ce mouvement de rébellion communiste.

Nous sommes inquiets pour la sécurité de milliers d’aborigènes qui habitent dans les collines isolées » de cette partie du diocèse, ajoute encore Mgr Valles. Son diocèse, catholique à 78 %, recouvre en partie les provinces du Sultan Kudarat, Maguindanao et Cotabato-Nord, régions où vivent d’importantes populations musulmanes ou aborigènes. Dans cette région de Mindanao, les combats entre l’armée et le MILF ont repris depuis mars dernier, date à laquelle les forces gouvernementales ont bombardé les camps du mouvement musulman pour reconquérir les territoires sous son contrôle (27).