Eglises d'Asie

Un prêtre catholique de l’Etat du Manipur est assassiné par des individus soupçonnés d’appartenir à un groupe indépendantiste local

Publié le 18/03/2010




Dans l’archidiocèse d’Imphal, dans l’Etat de Manipur à l’extrême nord-est du pays, le P. Jacob Chittinapilly, vicaire de la paroisse catholique de Sugnu, a été assassiné par balles, apparemment en représailles pour le refus de l’Eglise de répondre favorablement aux demandes d’argent formulées par la guérilla locale. Le meurtre a eu lieu dans l’après-midi du 2 décembre. Deux individus soupçonnés d’être membres de la guérilla sont arrivés en moto à l’église Saint Joseph de la paroisse où ils ont enlevé le prêtre. Après l’avoir obligé, sous la menace de leurs armes, à prendre place dans la jeep de la mission en compagnie du chauffeur, ils ont forcé ce dernier à conduire le véhicule jusqu’à environ 25 km de la paroisse. Arrivés à cet endroit, ils ont fait descendre le prêtre de la voiture et, après l’avoir forcé à se coucher face contre terre, ils ont fait feu sur lui à bout portant et l’ont laissé mort sur la route avant de s’enfuir. Le chauffeur de la mission a été épargné, mais il n’a pu donner l’alarme, les deux agresseurs ayant crevé les pneus du véhicule avant leur départ. Le téléphone de l’archevêché d’Imphal étant en dérangement ce jour-là, la nouvelle n’a été connue des autorités ecclésiastiques locales que quelque six heures plus tard.

La nouvelle de cet assassinat a profondément choqué les catholiques de toute la région qui ont demandé aux autorités locales de ne pas tarder à lancer des recherches pour retrouver les auteurs du méfait. On soupçonne les deux meurtriers d’être membres du Front révolutionnaire du peuple, une organisation qui regroupe les 18 groupes indépendantistes clandestins qui opèrent dans la région de Manipur. Les militants du Front ont coutume d’exiger des contributions financières importantes des diverses institutions de la région pour subvenir aux dépenses de leur guerre d’indépendance. Au mois de juin dernier, un d’entre eux avait fait parvenir à l’école de la mission une demande de 50 000 roupies (1 087 dollars). Plus récemment, les huit écoles de l’archidiocèse auraient été taxées de 500 000 roupies chacune. Cependant, lors d’une réunion tenue le 13 avril dernier, les responsables des écoles catholiques diocésaines avaient décidé à l’unanimité de pas céder aux exigences de la guérilla.

Le P. Chittinapilly, qui était âgé d’une trentaine d’années, était originaire de l’Etat du Kerala. Il venait d’être ordonné prêtre, en 1999. C’est le quatrième prêtre à être victime d’une agression de ce type conduite par la guérilla indépendantiste au cours de la décennie écoulée. En 1990, le P. Mathew Manianchira, principal d’une école, avait été tué alors qu’il présidait une réunion matinale dans son établissement. En 1992, le P. Sebastian Vadakkethannikal avait été blessé par balles alors qu’il refusait de verser les 700 000 roupies qui lui étaient demandées. Il y a trois ans, le 22 novembre 1997, le P. Jose Nedumattathil a été tué par balles dans son bureau du collège Don Bosco de Mara (9). En 1994, deux prêtres avaient été kidnappés par les rebelles puis relâchés sans qu’une rançon ait été versée.