Eglises d'Asie

DÉCLARATION DE QUATRE PERSONNALITÉS RELIGIEUSES SUR LA POLITIQUE DU PARTI COMMUNISTE VIETNAMIEN EN MATIÈRE DE RELIGION

Publié le 18/03/2010




Depuis sa conquête du Sud-Vietnam le 30 avril 1975, le Parti communiste vietnamien (PCV) a imposé un régime inhumain vis-à-vis des religions.

De nombreuses institutions et propriétés appartenant aux différentes religions – cao dai, catholicisme, bouddhisme, bouddhisme hoà hao, protestantisme… – ont été confisquées, nationalisées sans vergogne et mises entièrement à la disposition du pouvoir communiste.

De nombreux documents à caractère juridique ont été promulgués aux fins de ligoter, limiter et supprimer toute activité religieuse de façon inhumaine comme cela n’a jamais été fait dans l’histoire religieuse du pays.

De nombreuses manœuvres d’amalgame et de fausse accusation ont été manigancées aux fins d’assigner à résidence et d’emprisonner les dirigeants religieux qui s’opposent à la politique de répression et de destruction des religions, politique qui se poursuit de façon cruelle depuis 1975 jusqu’à aujourd’hui.

De nombreuses manœuvres d’infiltration ont été perpétrées pour saper les religions de l’intérieur, pour diviser leurs rangs et politiser leurs objectifs comme il a été fait vis-à-vis des cao dai, des catholiques, des protestants et des bouddhistes – qui ont été scindés en deux Eglises : l’Eglise bouddhique du Vietnam et l’Eglise bouddhique unifiée du Vietnam (EBUV) – ; plus récemment, en mai 1999, les bouddhistes hoà hao ont du subir un ‘Comité de représentants’ fantoches, créé de toutes pièces par les autorités et comprenant 11 membres du Parti communiste chargés d’assurer la direction de cinq millions de fidèles hoà hao – une monstrueuse anomalie, jamais vue dans l’histoire des religions…

A cette cruelle politique visant à les étrangler, les religions au Vietnam n’ont cessé de résister de façon pacifique et non violente, pour exiger LE DROIT À LA LIBERTÉ RELIGIEUSE, et sont déterminées à lutter jusqu’à ce qu’une LIBERTÉ RELIGIEUSE RÉELLE soit obtenue comme c’est le cas dans la grande majorité des pays civilisés du monde.

C’est pourquoi, aujourd’hui, devant les progrès enregistrés dans le domaine des DROITS DE L’HOMME dans le monde, nous les soussignés, constatons que le moment est venu de lancer cet appel pour exiger des autorités communistes vietnamiennes :

1. De respecter scrupuleusement le droit des religions à une VÉRITABLE LIBERTÉ RELIGIEUSE, particulièrement dans un domaine essentiel, à savoir la liberté et la totale indépendance des dirigeants des religions dans le choix, la formation, la nomination de leurs religieux et responsables selon les besoins et aspirations propres à chaque confession ; de respecter le droit à la LIBERTÉ DE CROYANCE de tout citoyen vietnamien en supprimant désormais toute mention de l’appartenance religieuse dans tout document administratif, ceci afin que chaque citoyen puis-se jouir d’une totale tranquillité quant à son appartenance à telle ou telle religion, et que nul n’ait d’inquiétude ou de crainte de se voir discriminé à cause de sa croyance, de jouir de toutes les conditions favorables pour vivre sa foi et ne plus être à la merci de me-sures discriminatoires comme c’est le cas aujourd’hui.

2. De restituer aux différentes Eglises leurs institutions et propriétés qui, depuis 25 ans, ont été confisquées, nationalisées, utilisées en tant que biens de l’Etat, ou injustement ‘cédées’ à l’Etat sous la coercition, que les documents juridiques afférents existent encore ou aient été perdus du fait de la guerre mais dont le témoignage de la population devrait suffire à certifier l’origine de façon incontestable.

3. De mettre un terme à toute manœuvre ou complot visant à étouffer et à étrangler les religions ; de mettre un terme à toute tentative d’ingérence dans les affaires intérieures des religions ; de dissoudre les divers Comités créés de toute pièces par l’Etat, qui n’ont de religieux que de nom et qui ne sont en fait que des instruments ancillaires de l’Etat communiste.

4. De libérer sans condition les religieux, séminaristes, personnalités et responsables religieux déjà condamnés ou encore emprisonnés dans les centres de détention.

5. De respecter les différentes clauses de la Convention internationale sur les droits de l’homme du 24 septembre 1982, Convention à laquelle l’Etat communiste vietnamien a souscrit en tant que membre.

Vietnam, le 27 décembre 2000

Les quatre signataires certifient être co-auteurs de cette Déclaration :

M. Lê Quang Liêm, chef du comité directeur de l’Eglise bouddhique hoà hao

R. P. Chan Tin, rédemptoriste, Saigon

R. P. Thaddée Nguyen Van Ly, paroisse de Nguyet Biêu, Huê

Vén. Bhikkhu Thich Thien Hanh, EBUV, Thua Thien, Huê