Eglises d'Asie

Expulsé par les autorités, un médecin allemand déclare que la situation alimentaire et sanitaire en dehors de la capitale Pyongyang est toujours aussi critique

Publié le 18/03/2010




Alors que la Corée du Nord bénéficie d’une aide alimentaire massive de la part de la communauté internationale, la situation ne s’améliore que très partiellement dans le pays. Selon le témoignage d’un médecin allemand récemment expulsé par les autorités, la capitale Pyongyang a été mieux approvisionnée l’an dernier et, en comparaison des années passées, la situation s’y est nettement améliorée. Mais, dans le reste du pays, l’état de disette, voire de famine, est endémique, les conditions sanitaires restent désastreuses et, selon ce médecin, ce sont surtout les cadres du régime et l’armée qui bénéficient des retombées de l’aide internationale, le reste de la population devant se contenter de « miettes ».

Selon le docteur Norbert Vollersten, qui vient de passer un an et demi dans un hôpital au nord de Pyongyang, les Nord-Coréens ne souffrent cependant pas que de la faim. Nombreux sont les patients à l’hôpital victimes de l’alcoolisme. L’alcool, produit à partir de céréales ou de pommes de terre, est souvent moins cher et plus accessible que les denrées alimentaires. La consommation d’alcool est « le seul plaisir des Nord-Coréens », les gens vivant dans la crainte, voire la terreur, des arrestations et de la torture. « La surveillance continue, les écoutes, les dénonciations » sont la cause de dépressions sévères, conduisant de nombreux Nord-Coréens à boire plus que de raison à la nuit tombée.

Cependant, le nombre des victimes de la famine n’est pas connu. Selon un rapport du Congrès américain, depuis 1994, deux millions de personnes seraient mortes, soit près d’un dixième de la population du pays. Le docteur Vollersten accuse les autorités de Pyongyang de manipuler les chiffres afin d’obtenir le plus d’aide possible de la communauté internationale. Mais, si « personne ne sait où va la nourriture [principalement fournie par le Japon, les Etats-Unis, l’Union européenne et la Corée du Sud] », la communauté internationale, estime le médecin allemand, doit poursuivre son aide, ne serait-ce que pour les « miettes » qui parviennent au peuple.

Norbert Vollersten, qui a témoigné lors d’une conférence de presse donnée début janvier à Séoul, en Corée du Sud, explique qu’il a pu, tout au long de son séjour en Corée du Nord, jouir d’une liberté plus grande que celle dont les étrangers disposent habituellement dans ce pays. Après avoir fait don d’un peu de sa peau pour venir au secours des grands brûlés, en même temps que d’autres responsables de l’hôpital où il était accueilli, il a en effet été gratifié d’une « médaille de l’amitié », devenant le premier étranger à recevoir une telle distinction. Mais, en octobre 2000, date à laquelle il a guidé dans des zones interdites des journalistes occidentaux venus couvrir la visite de Madeleine Albright, secrétaire d’Etat américain, en Corée du Nord, les autorités ont commencé à le traiter en « ennemi du peuple » et ont fini par l’expulser.