Eglises d'Asie

L’alignement de l’université catholique Fujen sur les directives romaines concernant l’enseignement supérieure suscitent la controverse

Publié le 18/03/2010




L’université catholique Fujen a décidé d’inclure dans sa charte la possibilité de licencier un enseignant pour non-conformité avec l’enseignement catholique, suivant ainsi une directive vaticane contenue dans la Constitution apostolique sur les universités catholiques. La “non-conformité” est définie comme un comportement en classe ou en public qui s’oppose clairement aux enseignements fondamentaux de l’Eglise sur la dignité humaine, le respect de la vie et les valeurs familiales. La décision de l’université a suscité une controverse dans les milieux intellectuels taiwanais.

Certains universitaires et des féministes ont critiqué l’initiative de Fujen comme allant à l’encontre de la liberté intellectuelle en particulier en ce qui concerne les femmes qui voudraient discuter de l’avortement ou d’autres idées éventuellement contraires à l’enseignement catholique. Les mêmes critiques estiment que les positions catholiques sur l’avortement et la contraception sont “fondamentalistes et patriarcales” ou encore qu’elles réduisent la femme à l’état de subordonnée.

D’autres universitaires ne sont pas de cet avis. Lin Huo-wang, professeur de philosophie à l’Université nationale de Taiwan soutient la position de Fujen, estime par exemple qu’un Institut catholique, tel que Fujen, appartenant à une communauté minoritaire, ne peut pas être forcé d’accepter les valeurs dominantes de la société : “Exiger de Fujen qu’il accepte le point de vue séculier sur cette question équivaudrait à lui demande de renoncer à sa mission religieuse », écrit-il dans le China Times.

De son côté, le président de l’université Fujen, Lee Ning-yuean, a déclaré que son université “respecte absolument la liberté de recherche intellectuelle » et se montre sympathique aux autres religions. Son affirmation est soutenue, dans une lettre parue dans le journal en chinois Liberty Times, le 10 décembre 2000, par une religieuse bouddhiste, Sik Chao-chui, qui donne un cours à Fujen sur la doctrine bouddhiste.

Le P. Louis Gendron, jésuite et vice-président de Fujen, estime aussi que “l’Eglise catholique n’aime pas le fondamentalisme et il n’est pas question d’y retourner”. S’adressant à la critique sur le “patriarcat”, il ajoute que quatre des huit doyens de l’université sont des femmes, ce qui n’est pas si mal en ce qui concerne l’égalité des sexes.

La grande majorité des Taiwanais sont bouddhistes ou taoïstes et les catholiques ne forment que 1,5 % des 21 millions d’habitants de l’île. Fujen est l’une des deux institutions catholiques d’éducation supérieure sur plus de cent existantes sur l’île.