Eglises d'Asie

Le gouvernement serait intervenu auprès de la hiérarchie catholique pour régler le problème du P. Nguyên Van Ly

Publié le 18/03/2010




Selon des nouvelles provenant de l’entourage du P. Nguyên Van Ly, le 11 janvier 2001, les autorités civiles vietnamiennes auraient envoyé une lettre à la Conférence épiscopale du Vietnam, priant celle-ci d’ordonner au prêtre de cesser sa lutte pour la liberté de la religion. Cette injonction des autorités adressée la hiérarchie catholique serait le prélude à une intervention du gouvernement qui envisagerait une règlement “progressif” du problème posé par le P. Ly. Jusqu’ici, les évêques vietnamiens n’ont ni confirmé ni infirmé cette information. On ne signalait, non plus, aucun changement notable dans la situation du desservant de la chrétienté de Nguyêt Bieu (26).

Toujours isolé dans son village et ne communiquant avec le monde extérieur que par l’intermédiaire de son entourage, le P. Ly n’en continue pas moins d’essayer d’étendre à toutes les religions la campagne entreprise par lui à la fin du mois de novembre. Une déclaration commune sur la liberté de religion diffu-sée le 27 décembre peut être considérée comme le premier résultat des efforts entrepris (27). Elle est si-gnée de quatre personnalités religieuses déjà bien connues : le P. Nguyên Van Ly, le P. Chân Tin, qui avait déjà apporté son soutien à la campagne du P. Ly, le vénérable Bhikkhu Thich Thiên Hanh, responsa-ble de la communauté des moines bouddhistes de Huê, et le dignitaire du bouddhisme hoa hao, M. Lê Quang Liêm. La déclaration procède d’abord à une analyse détaillée du comportement du Parti commu-niste vietnamien à l’égard des religions. Elle note les confiscations par l’Etat des biens des diverses reli-gions, les directives promulguées dans le but de contrôler étroitement les activités religieuses, les fausses accusations et les arrestations infligées aux dirigeants religieux dissidents, les tentatives d’infiltration des religions par l’Etat visant à leur imposer une direction de son choix. L’analyse est suivie de l’énoncé des exigences que les signataires voudraient voir réaliser par le gouvernement. En particulier, ils demandent le respect de la véritable liberté religieuse, en premier lieu de la totale indépendance des religions dans le choix de leurs responsables et de leur clergé, mais aussi la restitution des biens confisqués, la fin des tentatives d’infiltration du Parti dans les milieux religieux et la libération des prisonniers.

Quelques jours plus tard paraissait un quatrième appel à la liberté religieuse signé du P. Ly et intitulé “Pleurez, ô religions bien-aimées ! Le prêtre y insiste sur la nécessité pour les religions de se débarras-ser d’un faux pacifisme qui, par peur des affaires, accepte de se soumettre aux injustes exigences du pou-voir. La charité doit s’appuyer sur la vérité, souligne le prêtre qui fait remarquer : “Nous aimerons vérita-blement les communistes si nous avons le courage de démasquer leurs vrais desseins et, ainsi, de les sau-ver eux aussi En même temps, il souligne le paradoxe de la situation actuelle des religions au Viet-nam : elles sont obligées de recourir à l’autorisation du Parti communiste “athée” pour accomplir des actes qui sont d’ordre surnaturel et par conséquent échappent à la juridiction de tout pouvoir temporel. Le prêtre exprime sa crainte que l’Eglise du Vietnam se complaise dans son esclavage actuel, qu’il compare à celui d’Israël en Egypte avant l’intervention de Moïse. C’est pourquoi, il conseille aux individus et aux associations religieuses de conquérir leur propre liberté en se mettant, au besoin, dans l’illégalité.

A l’approche de la nouvelle année du serpent, Tân Ty 2001, le desservant de la chrétienté de Nguyêt Biêu, le P. Nguyên Van Ly, a fait l’objet d’attentions toutes spéciales des plus hautes autorités du pays. Il a en effet reçu une carte de vœux adressée à l’Eglise de Nguyêt Biêu par Trân Duc Luong, président de la République socialiste du Vietnam. Les autorités civiles provinciales lui ont également fait parvenir leurs souhaits de nouvel an. Aux dires du P. Ly, aucun prêtre et aucune paroisse du pays n’a jusqu’à présent bénéficié d’une telle faveur.