Eglises d'Asie

Le nouveau gouvernement de Goa a l’intention de refuser de laisser financer par l’étranger la restauration des édifices religieux

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement de l’Etat de Goa formé par le parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (BJP), il y a trois mois (9), vient d’annoncer son intention de refuser tout financement direct provenant de l’étranger dans les secteurs éducatifs culturels et religieux. En effet, le 13 décembre dernier, une déclaration gouvernementale informait les principaux intéressés que seules les aides financières accordées de l’étranger aux services publics seraient acceptées. Le ministre-président Manohar Parrikar précisait même que les fondations étrangères désirant dépenser de l’argent à Goa ne pourraient le faire que par l’intermédiaire du gouvernement qui déciderait lui-même de la destination des fonds ainsi recueillis.

Pour les responsable catholiques à Goa, la tentative du gouvernement de stopper les aides financières dans certains secteurs a pour objectif réel d’empêcher la restauration des bâtiments religieux de l’Eglise catholique. Goa qui a été une colonie portugaise de 1510 à 1961 a conservé de cette époque un lot considérable de constructions monumentales, nécessitant un entretien permanent et des restaurations régulières. Le P. Carmo Martins, porte-parole de l’archidiocèse de Goa, a déclaré que, sans nul doute, la récente mesure était dirigée contre l’Eglise et mettait en péril son programme d’entretien de l’ensemble monumental reçu par elle en héritage. De plus, la nouvelle disposition permettrait au gouvernement de prélever les sommes qu’il voudrait sur les aides financières destinées de l’étranger à des buts précis.

Les soupçons des catholiques de Goa ont été confirmés par certains propos tenus par le ministre-président concernant la Fondation portugaise Fundacao Oriente, association culturelle établie à Goa depuis 1995. Selon le chef de l’Etat de Goa, son gouvernement ne permettra pas à la fondation portugaise de financer directement l’entretien de la section portugaise de la bibliothèque gouvernementale, ou le secteur éducatif. Il a précisé que c’était au gouvernement de fournir l’argent destiné à la restauration des mosquées, des églises et des temples et qu’il était honteux de faire financer ces travaux par l’étranger.

Depuis son arrivée en Inde, l’Association portugaise a entrepris de restaurer un certain nombre d’églises, chapelles et séminaires. Un de ses chantiers de première ampleur est la remise en état de la chapelle de N.D. du Mont, le premier sanctuaire catholique de Goa, édifié par le conquérant portugais, Alfonso de Albuquerque, en 1519. Ce projet a été mis en cause par une résolution des jeunes du BJP, datée du 23 décembre 2000, qui affirme qu’il n’a d’autre but que d’exalter le passé colonial. Beaucoup moins controversé est la restauration, par la même fondation portugaise, du tem-ple hindou de Shree Saptokoteshwar, détruit par les colonisateurs portugais, il y a aujourd’hui 460 années (10). En de-hors des réparations apportées aux ensembles architecturaux, la fondation finance un certain nombre de travaux univer-sitaires, accorde des bourses d’études à l’étranger et patronne des expositions d’artistes indiens dans leur pays et à l’étranger.

Répondant aux déclarations du ministre-président, Jitendra Desprabhu, porte-parole de l’opposition, a accusé celui-ci de mener un double jeu et avoué ne rien trouver de mal dans les projets d’une association étrangère désirant protéger la culture indo-portugaise. Notant que, d’une part, l’Etat se plaint de son manque d’argent pour préserver l’héritage de Goa, et que, par ailleurs, il refuse le financement venant de l’étranger, il ne peut s’empêcher de conclure que les responsables actuels masquent leurs véritables intentions. Quant au responsable de la Fundacao Oriente, il a affirmé que son association n’avait jamais rien entrepris en dehors de l’autorisation du Gouvernement et qu’il restait reconnaissant à ce dernier de l’avoir invité à travailler dans cette région.