Eglises d'Asie

Les évêques catholiques présentent une pétition de 1,2 millions de signatures pour demander l’interdiction de l’avortement

Publié le 18/03/2010




Le 27 décembre, au nom des évêques catholiques sud-coréens, Mgr Pierre Kang Woo-il, évêque auxiliaire de Séoul, a remis à M. Lee Man-sop, président de l’Assemblée nationale et catholique lui-même, une pétition portant les signatures de 1,2 millions de personnes, catholiques et non-catholiques réunis, pour demander l’abolition de la loi autorisant l’avortement en Corée du Sud. Cette pétition avait été lancée par les évêques en mars 2000 et aurait dû être présentée aux législateurs coréens en septembre dernier, à l’issue de l’assemblée générale annuelle de la Conférence épiscopale, mais le contexte politique d’alors avait forcé les évêques à remettre à plus tard leur geste.

Dans le texte de la pétition, les 20 évêques et responsables de diocèses rappellent que « l’avortement est un meurtre et s’inscrit contre la loi divine et la loi naturelle, lesquelles sont sources de tout droit ». Pour une population totale de 45 millions de personnes, 1,5 millions d’avortements sont provoqués chaque année – un chiffre deux fois supérieur à celui des naissances, soulignent les évêques. Si ces chiffres sont stables depuis une dizaine d’années, les évêques notent que seuls 8 % de ces avortements sont effectués selon les critères prévus par la loi, les 92 % restants étant qualifiés d’« avortements arbi-traires ». Selon les termes de la loi en vigueur, l’avortement à la demande n’est pas explicitement au-torisé mais un avortement peut être provoqué au cours des 28 premières semaines de grossesse quand la santé de la mère est en danger ou que la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste ou encore que le bébé montre des signes de malformation. Selon les évêques, les termes de la loi actuelle sont si vagues que les médecins peuvent très facilement faire apparaître comme « légal » un avortement qui, en fait, est illégal. De plus, notent-ils, les sanctions prévues par la loi en cas d’avortement illégal ne sont jamais appliquées, laissant ainsi s’accréditer l’idée que l’avortement n’est pas un crime.

Les évêques catholiques citent également un sondage indiquant que les raisons qui amènent des femmes à avorter sont les suivantes : pression sociale qui rejette les naissances hors mariage, grossesse vue comme un obstacle à la réalisation d’autres plans, problèmes de santé ou difficultés économiques. « Sur la base de telles raisons, immorales et injustes, toute tentative visant à légaliser l’avortement est fondamentalement mauvaise », écrivent les évêques. La dignité de la vie et la nature inviolable de la vie humaine doivent être absolument protégées « depuis le moment de la conception ». Tout en reconnaissant que les grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste, et celles où l’enfant montre des signes de malformation sont des réalités difficiles et complexes, les évêques redisent que « l’avortement n’est pas une solution positive ». « Quel que soit le cas et quel que soit le nombre de semaines écoulées depuis la conception, l’avortement ne doit pas être autorisé, à l’exception des avortements indirectement déclenchés dans les cas où la santé de la mère est en grave danger ».

La loi qui autorisé l’avortement en Corée du Sud remonte à 1973. Cette année-là, le régime militaire d’alors avait promulgué, sans consulter l’opinion publique, la « Loi sur la santé de la mère et de l’enfant ». Les évêques catholiques n’ont pas cessé depuis de manifester leur opposition à cette loi. En 1992, lors de la révision du code pénal, ils avaient présenté une pétition d’un million de signatures pour tenter d’empêcher la libéralisation de l’avortement (6). En vain. L’année précédente, un sondage réalisé dans l’archidiocèse de Séoul avait montré que 80 % des femmes catholiques coréennes avaient déjà eu recours à l’avortement, quand bien même la quasi-totalité d’entre elles avait connaissance de l’enseignement de l’Eglise sur cette question (7).