Eglises d'Asie

Les évêques catholiques réfléchissent à la meilleure façon d’éviter que le procès du président Estrada ne débouche sur des manifestations de violence

Publié le 18/03/2010




Quelques jours après que la capitale des Philippines ait été endeuillée par l’explosion le 30 décembre de cinq bombes qui ont causé la mort de 22 personnes, les évêques philippins réfléchissent à la meilleur façon d’éviter que le procès du président Estrada, accusé de corruption, d’avoir enfreint la Constitution et trahi la confiance publique, ne débouche sur des manifestations de violence incontrôlable. Chaque jour, les partisans et les opposants au président Estrada se font face devant le Sénat, transformé en Haute Cour de justice. Dans un tel contexte, de plus en plus explosif, Mgr Leonardo Legaspi, archevêque de Caceres et vice-président de la Conférence des évêques, s’est déclaré soucieux de maintenir “la paix et la stabilité”.

Tout en soulignant que plusieurs responsables de l’Eglise catholique ont pris la tête de manifestations dans la rue, Mgr Legaspi estime que les “pressions” doivent être accompagnées d’“une formule qui permette une réconciliation nationale fondée sur le pardon”. Les évêques du pays, ajoute-t-il, sont prêts à “proposer les mesures nécessaires” pour préserver la paix afin de prévenir “tout recours à la violence”. En premier lieu, l’Eglise appelle les gens à prier et à jeûner pour discerner la volonté de Dieu. En second lieu, selon certaines sources internes à l’Eglise citées par l’agence Ucanews, les res-ponsables de l’Eglise catholique discutent d’“une sortie élégante” pour le président et d’un transfert en douceur du pouvoir à la vice-présidente Gloria Macapagal-Arroyo. Toujours selon ces sources, des “durs” comme Corazon Aquino, qui refuse tout compromis avec le président Estrada, ne seraient pas inclus dans l’équipe appelée à diriger le pays à la suite d’un éventuel retrait de Joseph Estrada.

A l’archevêché de Manille, le cardinal Sin a convoqué le 3 janvier son “collège des consulteurs” pour étudier toutes les issues possibles au procès Estrada. Evêques et prêtres du diocèse ont rédigé des scénarios afin d’être prêts à toute éventualité. “Nous avons débattu du possible acquittement du président, de sa condamnation et de sa démission”, a simplement déclaré Mgr Socrates Villegas, vicaire général de Manille, refusant de confirmer s’ils avaient pris en considération l’éventualité d’un coup d’Etat ou de la proclamation de la loi martiale.