Eglises d'Asie

Les fidèles de sept religions participent au 150e anniversaire de la construction de la cathédrale de Poona

Publié le 18/03/2010




Une cérémonie interreligieuse d’une très haute tenue a marqué le 150e anniversaire de la cathédrale catholique St Patrick de Poona, une ville de l’Inde de l’ouest, bastion de l’orthodoxie hindoue, située dans l’Etat du Maharashtra, à 190 kilomètres de Bombay (Mubai). Les responsables bahaïs, chrétiens, hindous, juifs, musulmans, et parsis (zoroastrisme) avaient invité leurs fidèles à les rejoindre en ce lieu de culte catholique pour y exprimer leur esprit de compassion, leur sens de l’engagement et leur amitié réciproque.

L’évêque du lieu, Mgr Valerian D’Souza, a fait valoir que ce sont “des valeurs d’éternité qui unissent ensemble les personnes de confessions différentes”. Notant que les violences sont issues de passions négatives de l’homme, il a adjuré tous les assistants de se retourner vers l’essence de leur religion.

G. M. Nasir-Ud-In, érudit musulman et principal du Collège universitaire de Poona, a lu plusieurs passages du Coran et affirmé que le sens de la compassion était sans doute l’enseignement principal de toutes les religions. Pour lui, l’ensemble de l’humanité constitue une seule famille en Dieu. Vouloir la diviser au nom de la religion, de la politique, de la race ou de la culture, c’est s’opposer à cet enseignement commun.

Pour le chercheur hindou Amit Vaze, la pratique de la karuna (la compassion) rapproche de Dieu, car cette vertu fait partie de la nature même de Dieu. Il a également exalté les vertus du pardon et a souligné devant l’assemblée que l’engagement au service des autres était le prolongement direct de cette compassion que l’on devait à tous.

Le représentant de la religion bahaï un travailleur social, a laissé entendre que l’amour des autres êtres humains avait plus de valeur que tout autre chose et se situait au-dessus de tous les patriotismes.

Le dirigeant sikh, Surjeet Kaur, a cité le livre saint de sa religion, le Guru Granth Sahib, et affirmé aux participants qu’il ne pouvait y avoir d’édification de communautés d’amour et de solidarité, d’où seraient absents l’esprit de service pour l’humanité et la solidarité avec ceux qui souffrent.

Nathan Aston, le représentant de la communauté juive de Poona, s’est contenté de dire que Dieu était plein de miséricorde, de pitié, de paix et d’amour, et qu’il était demandé aux humains, créatures de Dieu, de l’imiter.

Enfin au nom des adeptes du z oroastrisme, H. D. Moogat a parlé de l’amour et de la compassion comme des qualités les plus séduisantes. Leur absence est la principale cause des échecs de l’humanité.

L’harmonie qui a régné dans la cathédrale de Poona, le jour de son 150ème anniversaire, a de très anciennes racines. En effet, la coopération interreligieuse y date du début même de l’évangélisation. En 1794, alors que la mission chrétienne n’était établie dans la région que depuis quatre ans, le souverain du lieu, non-chrétien, donna aux missionnaires le ter-rain sur lequel fut bâti la première chapelle. La cathédrale actuelle fut bâtie en 1850. Poona devint un vicariat apostoli-que placé sous la juridiction des missionnaires jésuites en 1854, puis fut érigé en diocèse en 1886, lors de l’établis-sement de la hiérarchie indienne. La toiture de la cathédrale s’est effondrée en 1984, mais l’édifice fut rapidement reconstruit.