Eglises d'Asie – Philippines
Au cours de la crise qui a vu la présidence changer de mains, les cardinaux de Cebu et Manille ont conseillé aussi bien le président sortant que la nouvelle équipe désormais au pouvoir
Publié le 18/03/2010
Le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, a ainsi raconté aux journalistes le 22 janvier comment Joseph Estrada l’avait fait venir dans son palais présidentiel de Malacanang la veille du jour où Gloria Macapagal-Arroyo prêtait serment pour devenir le nouveau président des Philippines, le 20 janvier. Le cardinal Vidal se souvient que, lorsque Estrada lui a demandé : “Que voulez-vous me voir faire, cardinal ?”, il a répondu : “M. le président, si vous voulez laisser un bon souvenir dans la mémoire des gens, vous devez vous démettre volontairement et avec magnanimité”. Il poursuit en racontant que le 19 janvier, il a mis en garde le président contre les risques de violence alors que les chefs de l’armée et de la police ainsi que plusieurs des plus importantes personnalités de son administration avaient fait défection.
Toujours selon le cardinal Vidal, Joseph Estrada aurait finalement résolu de se démettre non sans demander la tenue d’élections présidentielles anticipées. Avant même que les manifestants dans Manille eurent dénoncé ce geste comme une tactique dilatoire, le cardinal Vidal assure qu’il a déclaré à Estrada que de telles élections seraient inconstitutionnelles, coûteuses et “chaotiques”. “Cela lui a été vraiment difficile, mais finalement il s’est résolu à partir”, ajoute encore l’archevêque de Cebu. Selon lui, Estrada et ses proches ont quitté le palais présidentiel “très tristes” mais “dignes et en paix». Le cardinal conclut en disant qu’il a été blessé par les commentaires de certains qui lui ont reproché ses relations avec Estrada mais qu’il a sa conscience pour lui et qu’il sait qu’il a “aidé [Estrada] à partir”.
Pendant ce temps, alors que le cardinal Vidal était à Malacanang, le cardinal Sin, archevêque de Manille, se trouvait à Mandaluyong, dans la banlieue sud de la capitale philippine, où il conseillait Arroyo juste avant qu’elle ne prête serment. Lors d’une messe d’action de grâces, la nouvelle présidente a déclaré que le cardinal Sin avait été son inspiration et sa force. Corazon Aquino, ex-présidente du pays, a ajouté que, lors des attentats du 30 décembre 2000 (2), elle et ses alliés participant à la campagne anti-Estrada s’étaient sentis déstabilisés. Le cardinal Sin les avait alors incités à prier avec plus d’ardeur et à faire confiance à Dieu, prédisant même que la crise serait terminée avant la fin de la troisième semaine de janvier 2001.