Eglises d'Asie

Désormais les revendications du prêtre dissident, le P. Nguyên Van Ly, mettent directement en cause le système communiste au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Selon une information provenant de proches du P. Nguyên Van Ly, prêtre du diocèse de Huê qui, de-puis le mois de novembre, a entamé une campagne de protestation contre l’absence de liberté reli-gieuse au Vietnam, celui-ci aurait reçu la visite de l’évêque de son diocèse aux alentours du 20 janvier et aurait appris de lui sa mutation dans la paroisse de An Truyên, une paroisse d’environ 900 chrétiens (selon des statistiques de 1995) située à 12 km de Huê et à 17 km de Nguyêt Biêu, la petite chrétienté où il demeure et dont il est le desservant. Il semble que la charge pastorale de cette nouvelle paroisse lui soit confiée, puisque selon la nouvelle citée, l’ordinaire du diocèse de Huê aurait demandé, le 2 janvier 2001, aux autorités civiles, “l’autorisation de déplacer le P. Ly pour lui confier la charge des affaires spirituelles et religieuses des fidèles à An Truyên”. Une réponse favorable avait été donnée à cette requête, le 16 janvier suivant. Aucune information supplémentaire n’est encore parvenue aujourd’hui concernant le déménagement effectif du P. Nguyên Van Ly de Nguyêt Biêu à An Truyên.

De toute façon, cette nouvelle nomination n’a pas ralenti l’activité contestataire du P. Ly qui, ces temps derniers a multiplié les déclarations et, considérablement étendu le domaine de ces revendications. Après un certain nombre de lettres ouvertes envoyées à l’occasion du nouvel an lunaire Tân Ty, le desservant de Nguyêt Biêu a rédigé et diffusé dans le pays et à l’extérieur trois nouveaux appels : deux d’entre eux, les appels n° 5 et n° 6 sont datés du 25 janvier, l’appel n° 7 porte la date du 28 janvier. Les revendications émises par le prêtre dans ces trois derniers textes dépassent désormais nettement le champ restreint de la liberté religieuse où jusqu’ici il s’était cantonné et prennent un tour nettement plus politique.

L’appel n° 5 porte un sous titre significatif : “Les organisations internationales sont priées de pas favoriser la participation des communistes vietnamiens à la signature des accords internationaux Pour justifier la revendication contenue dans cet intitulé, l’auteur de l’appel fait état d’une série d’engagements internationaux non-tenus par les communistes vietnamiens, en particulier, les divers accords concernant les droits de l’homme. L’appel n° 6 envoyé le même jour s’adresse dès son sous-titre aux professeurs enseignants, étudiants, et écoliers du Vietnam pour leur demander de ne plus étudier le socialisme, le communisme et l’histoire du Parti communiste, autant de matières obligatoires dans les collèges et les universités. Le P. Ly justifie son appel en soulignant le caractère néfaste de cet enseignement, son caractère obligatoire et contraignant pour les consciences des élèves. Enfin le septième appel est directement adressé aux communistes vietnamiens et à ses compatriotes vietnamiens dans et hors du pays. Aux communistes, le P. Ly demande d’accepter le pluralisme politique et de partager les responsabilités du pouvoir avec les autres. En effet, selon le prêtre, beaucoup de vietnamiens en dehors des communistes ont contribué à l’indépendance du pays. Par ailleurs, les communistes se vantent d’avoir vaincu les américains lors de la deuxième guerre du Vietnam. En réalité, il s’agissait d’une guerre civile engagée contre le Sud-Vietnam. Par ailleurs, si les communistes ont réussi dans la guerre, ils ont échoué dans la paix. Qu’ils laissent donc leurs adversaires du temps de guerre prendre leur responsabilité !

En conclusion, le prêtre dissident appelle tous les Vietnamiens, autres que les communistes, à l’intérieur et à l’extérieur du pays à venir réclamer leur part dans le travail d’édification du pays.