Eglises d'Asie

L’ancien archevêque coadjuteur de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Nguyên Van Thuân, est nommé cardinal

Publié le 18/03/2010




Second sur la liste des 37 cardinaux annoncés par le pape Jean-Paul II, le 21 janvier dernier, Mgr François Xavier Nguyên Van Thuân est le quatrième cardinal, par ordre chronologique, de l’histoire de l’Eglise du Vietnam. Depuis le mois de mai 1976, date à laquelle, pour la première fois, un archevêque vietnamien, Mgr Joseph Marie Trinh Nhu Khuê fut promu au cardinalat, le titre avait été réservé aux archevêques de Hanoi. Le nouveau cardinal, aujourd’hui, président du Conseil pontifical Justice et paix’, est en fonction à Rome, depuis le mois de septembre 1991, date à laquelle, le gouvernement de Hanoi lui fit savoir que sa présence dans son pays n’était plus désirable. Cependant, malgré son éloignement actuel de son pays, on ne peut séparer Mgr Thuân de l’Eglise du Vietnam et de son histoire tourmentée et douloureuse dont il a subi toutes les épreuves, comme lui même l’a fait remarquer, après sa nomination, dans une interview accordée à une radio en langue vietnamienne : “A cette heure, je me tourne vers ma patrie et je songe au lieu où sont enterrés mes ancêtres, à mes frères et sœurs en ce lieu où Dieu m’a fait naître Vietnamien…” Un enracinement que confirme encore s’il en était besoin sa biographie.

Né le 17 avril 1928, à Phu Cam, une très ancienne paroisse de Huê, Mgr Thuân, après des études au petit et grand séminaires de Huê, fut ordonné prêtre en juin 1953. Après deux années de ministère dans le diocèse, il fut envoyé à Rome où il poursuivit des études de droit canon et se forma à un certain nombre de courants spirituels et apostoliques qui se faisaient jour en Europe à cette époque. A son retour dans son diocèse de Huê au Vietnam, il y travailla un temps à la formation des prêtres, puis le 24 juin 1967, fut nommé évêque du diocèse côtier de Nha Trang.

En 1975, une semaine avant que Saigon ne tombe entre les mains des forces communistes, il est nommé par le Saint-Siège archevêque coadjuteur du diocèse de cette ville. Sa nomination est refusé par le nouveau pouvoir, qui le 15 août 1975, le convoque au palais de l’indépendance et le ramène manu militari dans son diocèse où il est placé en résidence surveillée dans la petite paroisse de Cây Vong (1). Ce fut le début d’un long internement qui dura treize ans, au cours duquel il a connu, en 1976, le cachot de la prison de Phu Khanh, puis le camps de rééducation de Vinh Phu au Nord Vietnam, la résidence surveillée dans la petite chrétienté de Giang Xa, et enfin les locaux de la Sûreté de Hanoi. Lorsque son internement prend fin le 21 novembre 1988, il n’a pas le droit de rejoindre son poste d’archevêque coadjuteur à Hô Chi Minh-Ville et est assigné à résidence dans les bâtiments de l’archevêché de Hanoi. Lors d’un séjour à Rome en septembre 1991, il apprend que le gouvernement ne souhaite pas son retour au pays.

Le 11 août 1993, pour assurer l’administration du diocèse de Hô Chi Minh-Ville dont l’archevêque était âgé et malade, le Saint-Siège nommait un administrateur apostolique. Pensant qu’il s’agissait d’un stratagème destiné à garder vacant le poste de coadjuteur au profit de Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân, le gouvernement s’est violemment opposé à cette décision. C’est en 1994 que le Saint-Siège a renoncé à maintenir Mgr Thuân à son poste de coadjuteur de Hô Chi Minh-Ville et l’a nommé à la vice-présidence de Justice et paix’, tout en faisant savoir par la bouche de Mgr Celli que “le Saint-Siège tenait la mesure prise contre lui par le gouvernement vietnamien comme une injustice manifeste Le 24 juin 1998, le Saint-Siège annonçait sa nomination comme président du Conseil pontifical Justice et Paix’ en remplacement du cardinal Roger Etchegaray qui en assurait la présidence depuis 1984.

Pour le carême de l’année 2000, Mgr François Xavier Nguyên Van Thuân fut chargé de d’assurer la prédication des exercices spirituels du carême du pape et des membres de la curie. La raison de ce choix a été soulignée par le pape dans une lettre de remerciement où il révélait qu’il a “souhaité qu’au cours du grand Jubilé une place particulière soit donnée au témoignage des personnes qui ont souffert en raison de leur foi… 

Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân a témoigné de son expérience spirituelle dans une série de livres dont le thème commun est l’espérance. Le premier d’entre eux, traduit en de nombreuses langues, est intitulé Sur le chemin de l’espérance. Le dernier où sont consignés ses conférences du carême 2000 a pour titre Témoins de l’espérance.