Eglises d'Asie

Un haut fonctionnaire chinois, responsable des Affaires religieuses, met en garde les missionnaires sud-coréens qui travaillent en Chine

Publié le 18/03/2010




En visite à Séoul sur l’invitation d’un groupe de chrétiens protestants, un haut fonctionnaire chinois a mis en garde les missionnaires coréens en Chine. Ces derniers, a-t-il déclaré, doivent agir selon les lois de la République populaire de Chine jusque et y compris dans les affaires religieuses. Lors d’une conférence de presse donnée le 8 janvier dans la capitale sud-coréenne, Wang Zuo-an, vice-directeur du Bureau des Affaires religieuses rattaché au Conseil d’Etat chinois (le plus haute instance de l’exécutif chinois), a déclaré que son gouvernement avait été amené à prendre des mesures contre certains missionnaires. Auparavant, a-t-il dit, les autorités “résolvaient par le dialogue et la persuasion les problèmes suscités par les missionnaires coréens, mais récemment certains missionnaires ont sciemment violé la législation chinoise. Nous avons été obligés de sévir”. Il a précisé que certains d’entre eux avaient ainsi protégé des Nord-Coréens ayant fui leur pays sous prétexte d’évangélisation et en dépit de la loi. L’application de la loi, toutefois, a-t-il fait remarquer, est du ressort du Bureau de la Sécurité publique et non de celui des Affaires religieuses.

Wang Zuo-an a séjourné à Séoul du 6 au 14 janvier, à l’invitation d’une organisation protestante, l’Association des missions coréennes dans le monde. Le révérend Park Chong-soon, président de cette association, s’est entretenu avec les journalistes de l’agence Ucanews, le 12 janvier, au moment même où les médias locaux rapportaient de façon négative les déclarations de Wang, lequel affirmait alors que “les activités des missionnaires étrangers étaient protégées tant qu’elles n’allaient pas à l’encontre des trois principes”. Wang Zuo-an a accepté son invitation à se rendre en Corée du Sud afin de resserrer les liens fraternels entre les chrétiens des deux pays, a déclaré le révérend Park. Wang quant à lui, a démenti que le gouvernement chinois ait envoyé l’année dernière une lettre au gouvernement sud-coréen pour lui demander d’enquêter à propos des activités illégales des missionnaires coréens. “Je suis en charge des Eglises protestantes et catholiques dans le cadre des cinq religions officielles approuvées par le gouvernement chinois”, a-t-il rappelé (1). Selon lui, la Chine accueille volontiers les conférenciers protestants coréens dans les universités chinoises et encourage les échanges de groupes religieux entre les deux pays. Interrogé sur la “sécurité” des missionnaires étrangers en Chine, il a réaffirmé que toutes les activité étaient autorisées tant qu’elles n’allaient pas à l’encontre des “trois principes d’autogestion” (administration, financement, développement). Ces trois principes, a expliqué Wang Zuo-an, sont le fruit de l’expérience acquise, quand se répétaient “les atteintes à la souveraineté chinoise occasionnées par les interventions des missionnaires étrangers” après la défaite de la Chine contre les Anglais à l’issue de la première guerre de l’opium (1839-1842). Le fonctionnaire chinois a déclaré aux journalistes : “Je demande tout particulièrement aux étrangers de ne pas poser de conditions (telle que la mission) aux aides financières qu’ils peuvent apporter aux groupes religieux chinois.”

Wang Zuo-an a indiqué qu’il y avait en Chine 10 millions de baptisés protestants et 4 millions de baptisés catholiques auxquels il fallait ajouter quelque “15 millions de chrétiens non baptisés”. Kookmin Ilbo, un quotidien protestant, a rapporté le 10 janvier que Wang avait sollicité l’aide des responsables protestants pour lutter contre ce qu’il a appelé “les pseudo-religions qui, à partir des nations voisines, dont la Corée du Sud, passent en Chine”. Le journal écrit que Wang, au cours de sa rencontre avec le Conseil des Eglises chrétiennes de Corée, le 9 janvier, avait demandé des informations sur les pseudo-religions coréennes (2). Le Conseil a répondu positivement à sa requête et a proposé d’organiser un séminaire commun aux responsables des Eglises protestantes de Corée et de Chine pour un meilleur développement de l’Eglise protestante chinoise.