Eglises d'Asie

Un parlement religieux hindou appelle à la lutte contre les conversions et fixe au gouvernement une date-butoir pour autoriser la construction du temple d’Ayodhya

Publié le 18/03/2010




Dans le cadre de la célébration du “Maha Kumbh Mela” (1), près du lieu de confluence du Gange et de la Yamuna où des dizaines de millions d’hindous sont venus se purifier de leurs péchés par un bain rituel, un parlement religieux, le “Dharam Sansad” a tenu une session de trois jours. Patronné par le Vishwa hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP), il a rassemblé des prêtres et des ascètes hindous pour y discuter d’un certain nombre de problèmes en relation avec la religion hindoue. Il s’est achevé le 20 janvier après avoir fixé un certain nombre de grandes orientations pour l’avenir et précisé quelques lignes d’action concrètes, en particulier, celle qui concerne la construction du temple sur le site de la mosquée détruite à Ayodhya.

A en croire les propos tenus après la fin de la session par le vice-président du VHP, Acharya Giriraj Kishore, qui a joué un rôle de première importance au cours de la session, la place de l’hindouisme dans la nation et son rapport au christianisme et à l’islam ont été un des grands sujets des débats du parlement religieux. Le responsable du VHP a rappelé la conviction du fondamentalisme hindou, à savoir que, en Inde où les hindous représentent 82 % d’une population qui s’élève à un milliard d’habitants, “… tous sont hindous, il n’y a pas de musulmans, de chrétiens ou de sikhs Il a poursuivi en annonçant la mise en application d’une position dure à l’égard des conversions au christianisme ou à l’islam et des activités des missionnaires en Inde. Il a aussi fait état de la volonté d’action sociale et éducative de son groupe afin de mieux contrer la présence missionnaire chrétienne. Quelque 8 000 écoles à un seul enseignant devraient, selon lui, être créées dans les années qui viennent pour donner aux hindous une conscience plus vive de leur culture et de leur héritage. 14 000 projets d’action sociale devraient aussi voir le jour, spécialement destinés aux enfants et à la population des villages.

Cependant, la plus importante des décisions prises par les prêtres et religieux rassemblés dans ce parlement concerne la construction du temple d’Ayodhya sur le site de la mosquée détruite en 1992 par des fanatiques hindous sur le motif que celle-ci avait été construite au XVIe siècle, sous le règne de l’empereur Baba, sur l’emplacement d’un ancien temple destiné à marquer le lieu de naissance de Ram, un avatar de la divinité du dieu hindou Vishnu. Après la destruction et les troubles sanglants (3 000 morts) qui avaient suivi, les tribunaux avaient ordonné de remettre à plus tard la construction du temple sur un terrain disputé entre hindous et musulmans. Le récent parlement religieux a fixé une date-butoir, le 12 mars 2002, date à laquelle le gouvernement fédéral devra, selon les extrémistes hindous, avoir supprimé tous les obstacles s’opposant à la construction du temple en question.

En 1999, au moment de la campagne électorale, le parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), avait promis de reconstruire le temple. Mais après qu’il eut pris la tête d’une alliance de 24 partis et formé un gouvernement de coalition, il s’était trouvé pris en sandwich entre ses partenaires politiques et les nationalistes hindous sur cette question devenue ultra-sensible. Tout récemment, une phrase malheureuse du Premier ministre, prononcée le 6 décembre 2000 et affirmant que la campagne pour la construction du temple répondait à des “sentiments nationaux” et restait “une tâche inachevée” a déclenché une crise politique de première ampleur (2).

Selon les fondamentalistes, les décisions prises par le parlement religieux hindou qui a été fondé en 1983 avec la collaboration du VHP, du BJP et des Akharas (les 13 principaux monastères d’ascètes hindous) doivent élaborer des directives suprêmes pour l’ensemble de l’hindouisme.