Eglises d'Asie

482 délégués de l’Eglise évangélique du Sud se rassemblent à Hô Chi Minh-Ville, adoptent une charte et élisent un bureau exécutif

Publié le 18/03/2010




Du 7 au 9 février 2001, telles avaient été les dates fixées par le gouvernement pour la tenue de l’Assemblée générale devant consacrer la reconnaissance officielle de l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam par les pouvoirs publics à l’issue d’une préparation relativement rapide puisqu’elle n’avait commencé qu’au début de l’année dernière (1). Des doutes subsistaient concernant la bonne volonté effective des Eglises évangéliques locales à l’égard de cette initiative gouvernementale et le nombre des délégués qu’elles enverraient. En fait, les délais ont été respectés et la réunion prévue s’est effectivement tenue dans l’église protestante du 155 de la rue Trân Hung Dao, à Hô Chi Minh-Ville du 7 au 9 février 2001.

Du côté des participants de l’Assemblée générale, selon des sources protestantes de Hô Chi Minh-Ville, la satisfaction serait presque générale. Certains considèrent même les résultats de l’Assemblée comme quasi-ment miraculeux. Beaucoup estiment que les participants ont résisté aux tentatives des Affaires religieuses tendant à soumettre l’Eglise évangélique à son contrôle. Il reste cependant un certain nombre de pasteurs pour considérer les membres de cette récente Assemblée générale comme des collaborateurs et des naïfs.

Les représentants des pouvoirs publics ont tenu au sujet de cet événement des propos dont le ton convenu est loin d’être dithyrambique. Le quotidien Nhân Dân (‘le Peuple’) (2), après avoir annoncé qu’il s’agissait là de la première assemblée de l’Eglise évangélique du Sud, a ajouté que, selon la tradition de l’Eglise évangélique, il fallait parler de la 43e Assemblée, la 42e ayant eu lieu avant le changement de régime de 1975. La même source faisait état de 482 délégués officiels, pasteurs et fidèles, de 278 auditeurs libres et évoquait la présence du directeur des Affaires religieuses, Lê Quang Vinh, d’un membre du présidium du Front patriotique du Vietnam et d’un certain nombre d’autres officiels. Des représentants d’autres religions dont le noms n’ont pas été cités avaient aussi été invités. Le nombre de délégués officiels (482) présents à l’Assemblée donne à penser qu’un compromis a été trouvé entre les propositions du gouvernement limitant leur nombre à 200 et celle des dirigeants de l’Eglise évangélique le fixant à 1 000.

Les deux taches principales assignées à l’Assemblée générale étaient d’adopter la charte de l’Eglise évangélique du Sud et d’élire un bureau exécutif (administratif) (3). Le premier jour était consacré à la discussion de la charte dont l’élaboration avait donné lieu à de nombreuses péripéties (4). A l’exception du communiqué peu détaillé du représentant de l’Eglise évangélique et de celui des Affaires religieuses, on ne sait que très peu de choses sur le texte définitivement adopté. Le porte-parole de l’Eglise évangélique a affirmé que cette charte avait été adoptée par les participants, le premier jour, en ajoutant cependant qu’il “y avait eu des désaccords mineurs émanant de quelques personnes sans autre précision. Le fonctionnaire des Affaires religieuses a souligné que la reconnaissance du gouvernement n’était accordée à l’Eglise protestante qu’après l’adoption de la charte. Auparavant le Nhân Dân avait affirmé que cette charte “respecterait la tradition nationale et la vie sociale et serait en conformité avec la Constitution et à les lois du pays Le 28 décembre dernier, lors de la séparation houleuse du comité d’élaboration du projet de charte, deux versions de celui-ci existaient : l’une était la version primitive du projet telle qu’elle avait été adoptée par la majorité, l’autre avait été amendée par le présidium du comité, puis par les Affaires religieuses. Les membres du comité avaient, dans une motion, affirmé leur attachement et leur préférence à la première.

Lors de la période de préparation de l’Assemblée qui a duré plus d’un an, deux orientations s’étaient manifestées au sein des milieux protestants concernés par la création d’une Eglise officielle. Certains pensaient que la nouvelle création constituerait une étape positive qui rendrait plus facile la vie religieuse des membres de l’Eglise. Beaucoup d’autres ne voyaient dans cette reconnaissance officielle de l’Eglise du sud qu’une stratégie gouvernementale destinée à mieux contrôler les protestants. Parmi les plus critiques se trouvent les pasteurs et fidèles des Eglises domestiques qui forment le gros des effectifs du protestantisme vietnamien actuel. Ces derniers rechignent particulièrement à cette prise en main par l’Etat, non seulement à cause du contrôle plus strict qui en découlera, mais surtout parce que les Eglises domestiques sont particulièrement implantées dans les minorités ethniques où les fidèles protestants subissent des persécutions très sévères de la part des autorités locales. Lors des dernières fêtes de Noël, on signalait que, dans la province de Lao Cai, les autorités locales avaient empêché plusieurs communautés protestantes h’mongs de célébrer les cérémonies. Certains fidèles avaient même été obligés de s’enfuir dans des provinces plus tranquilles, dans les hauts plateaux du Sud (5).