Eglises d'Asie

Au Népal, les chrétiens utilisent l’audiovisuel pour attirer l’attention de la population sur le grave problème de la traite des femmes

Publié le 18/03/2010




Pour tenter de mobiliser la population et l’inciter à faire cesser la traite des femmes, Caritas Népal vient d’inaugurer un programme hebdomadaire que chacun peut capter partout dans le pays sur un poste de radio. La série, intitulée Sachetana (‘Conscience’), est diffusée tous les vendredis soirs. La première diffusion a débuté le 19 janvier, avec une interview du directeur de Caritas Népal, Pekoe Moktan, et de Rupa Rai, responsable de la section féminine de la Caritas locale. Rupa Rai explique qu'”il s’agit d’un programme diffusé sur dix semaines et centré sur l’urgente nécessité de faire cesser la traite des femmes népalaises à l’intérieur du pays comme à l’étranger où la plupart finissent par arriver ». Ce sont, dit-t-elle, 15 minutes d’antenne, en népali, composés de courtes interviews de victimes rescapées, de discussions, de brèves pièces radiophoniques et de chants composés par les femmes des centres de réhabilitation. Le coût élevé du projet et le dur travail qu’il représente seront, note-t-elle, compensés par les bénéfices que Caritas compte en retirer : “Nous croyons que les fruits recueillis à l’échelon des plus pauvres de la société lui donneront toute sa valeur”.

Le 27 janvier dernier, Rupa Rai avait déjà aborder le problème de la traite des femmes au Népal lors d’un colloque organisé à Katmandou sur le thème : “Traite des femmes et commerce d’enfants : une prise de conscience de la société est nécessaire”. A ce colloque, des experts, tous hindous, avaient pris la parole devant quelques dizaines de catholiques. Durga Singh, femme et inspecteur de police, avait indiqué que des cellules réservées aux femmes commençaient à être installées dans les commissariats et que des policières étaient formées pour appréhender ce problème. Selon elle, les familles doivent acquérir le réflexe de signaler rapidement à la police toute disparition suspecte. Une responsable de la Protection de l’enfance du Népal a, pour sa part, déclaré que la prostitution était en augmentation dans le pays. Les femmes doivent également être mises en garde contre les promesses d’un soi-disant travail dans les pays du Moyen-Orient, a-t-elle ajouté.

Dans le sillage de Caritas Népal et poursuivant le même combat, d’autres initiatives audiovisuelles ont vu le jour, tels cette audiocassette et ce film vidéo composés, enregistrés et diffusés par la communauté chrétienne de Katmandou, inquiète elle aussi, de l’exode massif des migrants népalais à l’étranger. “La communauté chrétienne se doit, pour communiquer, d’utiliser les méthodes modernes de la télévision et de la radio”, a déclaré un compositeur local, Dibya Khaling, aux 300 personnes – dont de nombreux catholiques – venus soutenir le lancement de ce film et de cette cassette dans le hall du Staff College, le 25 janvier. Intitulée Najau Timi Arab (‘Ne va pas en Arabie’), cette cassette se réfère aux nombreux Népalais, hommes et femmes, partis travailler dans les pays du Golfe persique.

Selon diverses enquêtes, ce serait par milliers que des Népalaises sont prostituées dans les bordels en Inde, à Calcutta en particulier.