Eglises d'Asie

Huê : la police inquiète les participants à des prières pour les morts organisées par des religieux du bouddhisme unifié

Publié le 18/03/2010




Les autorités locales de le ville de Huê se sont efforcées d’empêcher le bon déroulement d’une session de prières organisée à partir du 8 février 2001 dans le temple ancestral (Tô dinh) de Tu Hiêu par la congrégation (Sangha) des religieux bouddhistes de la province, congrégation qui se réclame du bouddhisme unifié, non reconnu par le gouvernement. Le jour le plus important de la session devait être le dimanche 11 février. Les intentions de ces prières prévues depuis longtemps avaient été formulées de telle façon qu’elles ne pouvaient manquer d’inquiéter les autorités. Elles étaient, en effet, ainsi intitulées : “… pour que la paix mondiale et le bonheur du peuple soient assurés, pour que les combattants s’étant sacrifiés pour la nation et les victimes des fléaux naturels du siècle soient délivrés du cycle des renaissances, pour que les religions du Vietnam soient rapidement libérés de leurs chaînes, pour que l’Eglise bouddhiste unifiée puisse librement exercer ses activités, pour que le peuple vietnamien soit débarrassé de son joug, pour que les droits de l’homme soient respectés Dans une lettre adressée à des personnalités à l’intérieur et à l’extérieur du pays, ainsi qu’à la presse internationale, le vénérable Thich Thai Hoa (1), responsable de la Sangha de Huê, a décrit l’ambiance dans laquelle s’est déroulée la session de prières.

Dès le 31 janvier, des membres de la police secrète de la province ont contacté de nombreuses pagodes ainsi que des familles bouddhistes les invitant à suggérer au Comité organisateur des prières de demander l’autorisation aux autorités locales, sans rencontrer de succès apparent. Le 7 février, l’adjoint du chef de la Sûreté de Huê accompagné d’un autre officier allaient trouver le religieux responsable pour lui répéter qu’il était nécessaire de demander une autorisation pour organiser ces prières. Le religieux ayant transmis cet ordre au Comité organisateur, celui-ci fit répondre que, conformément à la Constitution du Vietnam et au décret 26 régissant les activités religieuses, il n’y avait pas lieu de demander cette autorisation. Dans l’après midi du même jour, un communiqué du Comité populaire de la commune de Thuy Xuân, lieu où étaient organisées les prières, signifiait au comité organisateur, une fois de plus, qu’une autorisation était nécessaire, que la police avait le devoir d’assurer la sécurité des lieux et que les hôtes venant d’ailleurs pour les prières devaient se faire enregistrer auprès de la police de la commune. Dans la soirée, un certain nombre de fonctionnaires se présentèrent chez les religieux et tentèrent, sans résultat, de s’informer sur le programme des prières. Ils n’obtinrent qu’une réponse évasive.

Selon les déclarations du vénérable Thai Hoa, les 8 février et 9 février, malgré les menaces de la police et des manifestations impressionnantes de sa présence jour et nuit dans les rues de la ville, plus de 500 religieux et fidèles sont venus participer aux prières organisées au temple de Tu Hiêu. D’autres sources d’information parlent de milliers de personnes. Des fidèles, dans l’impossibilité de se rendre sur place, ont fait savoir aux organisateurs qu’ils avaient prié en silence dans leurs maisons, ou même sur leurs lieux de travail. Un peu partout, à Huê, dans les environs et dans les autres provinces, des pressions ont été exercées sur les religieux et les laïcs pour les empêcher de participer aux prières. Des sessions d’études politiques furent organisées un peu partout, particulièrement à l’intention des fonctionnaires pour les informer à ce sujet et les retenir sur place. A Huê, élèves du primaire et du secondaire, étudiants et professeurs furent contraints de rejoindre leurs classes le samedi et le dimanche, et ainsi empêchés de participer aux offices. Beaucoup de participants aux prières ont été par la suite convoqués pour interrogatoire au poste de police.