Eglises d'Asie

La composition du bureau exécutif mis en place par l’Assemblée générale de l’Eglise évangélique témoigne de la volonté d’indépendance des délégués présents

Publié le 18/03/2010




Contrairement aux prévisions généralement pessimistes, le Comité exécutif, élu par l’Assemblée générale de l’Eglise évangélique qui s’est achevée le 9 février dernier, est composé de membres considérés, selon des sources protestantes, comme indépendants à l’égard des autorités (1). De plus, le programme adopté pour les quatre années à venir devrait forcer les autorités à modifier la politique suivie par elles jusqu’à présent à l’égard des protestants du Vietnam.

Le révérend Pham Xuân Thiêu a été élu président au premier tour de scrutin avec une majorité des 2/3 des voix. Le nouvel élu, qui a reçu une partie de sa formation au Canada, a longtemps vu sa liberté de mouvement restreinte par les autorités. Récemment hospitalisé, il n’aspirait pas à occuper un poste de dirigeant, mais le respect et la confiance que lui portent ses confrères l’ont obligé à accepter cette responsabilité. Deux vice-présidents ont également été élus. Le premier, d’un certain âge, le révérend Duong Thanh, est pasteur de la première communauté évangélique fondée au Vietnam, celle de Da Nang. Le second, le révérend Tanh Van Hy, est responsable d’une communauté à Ben Tre. Lui et ses fidèles ont subi une grave persécution durant les dix premières années qui ont suivi le changement de régime en 1975. Le Bureau des Affaires religieuses aidé par deux pasteurs pro-gouvernementaux avait essayé d’écarter le pasteur Hy durant la période de préparation de l’Assemblée.

Parmi les 22 membres qui composent le bureau exécutif, on trouve seulement deux chrétiens appartenant à des ethnies minoritaires où se trouvent pourtant près des 3/4 de la totalité des fidèles de l’Eglise évangélique. Dans leur grande majorité, ils ont été exclus du processus de normalisation actuel. Dans la liste des membres du bureau, on trouve encore deux pasteurs d’ethnie vietnamienne, considérés par beaucoup comme proches des autorités. Ils ont mené les négociations avec le gouvernement durant l’Assemblée générale. Cependant, aucune responsabilité particulière ne leur a été attribuée.

Par ailleurs, le nouveau comité exécutif s’est donné un programme ambitieux en neuf points, comme s’il voulait tester la réalité de ce nouvel espace de liberté qui lui est donné. Une nouvelle répartition des Eglises par régions et par villes prévue par la charte sera mise en place. Il est aussi prévu de ramener à la normalité des activités anormales depuis des décennies, ce qui implique de construire de nouvelles églises et chapelles pour les communautés trop éloignées des lieux de culte existants. Le comité annonce également que des mesures seront prises pour développer l’Eglise et favoriser sa croissance. Rien dans tout cela ne semble correspondre aux intentions du gouvernement de mettre en place une Eglise de style patriotique.

De plus, un certain nombre d’intentions annoncées à l’issue de la dernière Assemblée générale dépendent, pour leur réalisation, de l’authenticité de la volonté de changement du gouvernement et supposent un retournement complet de la politique religieuse suivie depuis 25 ans. Il s’agit de l’ouverture de séminaires et de classes de formation bibliques pour les laïcs, de l’ordination de nouveaux ministres et de leur recyclage, de la publication de livres religieux, du déplacement des pasteurs en d’autres églises, autant d’activités nécessaires à la vie normale d’une Eglise, mais pourtant refusées depuis 26 ans.