Eglises d'Asie

La police s’efforce de troubler un voyage du vénérable Thich Quang Dô au Centre-Vietnam où il rendait visite au patriarche du bouddhisme unifié à l’occasion du nouvel an

Publié le 18/03/2010




Alertées par un communiqué du bureau international d’information bouddhiste (1), toutes les grandes agences internationales ont fait état des obstacles semés par la police vietnamienne sur la route du vénérable Thich Quang Dô, deuxième personnalité du bouddhisme unifié, responsable de l’Institut de propagation du Dharma, alors que, depuis Hô Chi Minh-Ville, où il réside, il allait rendre visite à son patriarche, le vénérable Thich Huyên Quang, en résidence surveillée au Centre-Vietnam depuis de nombreuses années. Le récit des faits a été donné par le religieux lui-même dans un entretien téléphonique avec son bureau d’information européen ainsi que dans une interview accordée à Radio Free Asia, diffusée le 6 février dernier.

Thich Quang Dô, en compagnie d’une délégation de six autres personnes, avait quitté sa pagode Thanh Minh Thiên Viên, à Hô Chi Minh-Ville, de très bonne heure dans la matinée du 2 février. Dès ce moment, la voiture qui les transportait avait été repérée par deux agents de police présents sur les lieux. Ceux-ci, sans doute, après avoir noté le signalement du véhicule, le communiquèrent à leurs collègues du Centre-Vietnam. En effet, la police manifesta sa présence tout au long du parcours, à Nha Trang, à Binh Dinh, à Quang Ngai, autant de lieux où la voiture fut arrêtée et les pièces d’identité des occupants examinées. Les autorités ayant cerné toutes les pagodes de la province, la délégation fut obligé de passer la nuit dans un hôtel de Phu Yên, et arriva vers onze heures du matin, à la pagode Quang Phuoc, leur lieu de destination. Les religieux purent y rencontrer le patriarche et s’entretenir avec lui. Dans la soirée, à 22 h 15, alors que les religieux étaient déjà allés se reposer, un groupe de six policiers faisait irruption dans la pagode, procédant une nouvelle fois à la vérification de l’identité de chacun des hôtes.

Dans la matinée du dimanche, ayant accompli l’objectif qu’ils s’étaient fixé, à savoir souhaiter le nouvel an à leur confrère, les religieux prirent la route du retour. Au bout de quelques kilomètres, leur voiture était arrêtée par une escouade de 20 policiers. Sous prétexte de chercher des objets mettant en péril la sécurité nationale, ils procédèrent à une fouille corporelle des religieux ainsi qu’à un examen minutieux de la voiture au cours duquel les portes et les roues furent démontées. Plusieurs objets furent confisqués (des enregistrements audiovisuels). Au total, l’incident se prolongea trois heures. Ce n’est qu’à trois heures de l’après-midi, après une halte dans une pagode, que la délégation put reprendre son voyage qui se poursuivit sans autres incidents jusqu’à neuf heures du soir, heure où les voyageurs étaient parvenus aux environs de Nha Trang. Là, eut lieu une nouvelle rencontre avec des agents de la Sûreté qui les conduisirent dans un poste de police pour une nouvelle fouille encore plus sévère que celle du matin. La tension fut telle qu’elle affecta la tension du vénérable Thich Quang Dô et qu’un médecin fut appelé pour vérifier l’état de santé du religieux. La fouille se prolongea jusqu’à une heure du matin. Les religieux purent alors finir leur nuit dans un hôtel à Nha Trang et regagner Hô Chi Minh-Ville et leur pagode.

Il y a deux ans déjà, le 23 mars 1999, les agents de la Sûreté de la province de Quang Ngai avaient cerné la pagode de Quang Phuoc où se déroulait une rencontre entre le patriarche Thich Huyên Quang et le vénérable Thich Quang Dô, venu clandestinement de Saigon. Après avoir pénétré dans les lieux, les policiers avaient soumis les religieux à des interrogatoires séparés. Thich Quang Dô avait, ensuite, été emmené en voiture à Hô Chi Minh-Ville, où il n’était arrivé que le lendemain soir au début de la nuit (2). On sut, par la suite, que cette entrevue des deux plus hautes personnalités du bouddhisme unifié était destinée à préparer des textes et des directives pour un Congrès du bouddhisme unifié qui s’est tenu plus tard à North Hills en Californie, du 14 au 16 mai 2001 (3). Il est probable que les fouilles opérées par la police au cours du récent voyage de Thich Quang Dô, au Centre-Vietnam, étaient censées découvrir des documents secrets que les deux religieux auraient pu mettre au point au cours de leur rencontre. Lors d’une conférence de presse, le 7 février dernier, le porte-parole des Affaires étrangères du gouvernement vietnamien a affirmé qu’il n’avait jamais été question d’arrêter le vénérable Thich Quang Dô. Pourtant, les représentants du bouddhisme font état de procès-verbaux en leur possession, établis par la police lors des fouilles, qui, entre autres choses, attestent la confiscation de trois documents écrits, dont deux sont signés du patriarche Thich Huyên Quang. En fait, il s’agirait du texte d’une oraison funèbre qui devait être lue à Hô Chi Minh-Ville à l’occasion de l’anniversaire du décès d’un religieux.