Eglises d'Asie

Les dirigeants chrétiens souhaitent que les résultats du recensement ne soient pas déformés par des partis-pris politiques

Publié le 18/03/2010




Les premières opérations du recensement décennal de la population indienne ont eu lieu le 9 février. Celui-ci fournira les nouvelles données démographiques officielles du pays. Cependant, son déroulement n’est pas sans inquiéter les minorités religieuses du pays qui redoutent que le climat politique actuel n’entraîne les enquêteurs dans une dérive partiale et ne les pousse à recueillir des données par trop conformes aux desseins politiques des dirigeants actuels.

Dans une déclaration à ce sujet, le P. Donal D’Souza, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques d’Inde, a dit son espoir que le recensement soit conforme à la réalité et a souhaité que les responsables ne gonflent pas artificiellement le nombre des chrétiens pour montrer qu’il existe un certain nombre de “chrétiens camouflés” dans le pays. Les groupes nationalistes, en effet, accusent les missionnaires de convertir de force les membres des minorités ethniques et les pauvres grâce à l’apport de fonds étrangers. Cette allégation a toujours été démentie par les dirigeants chrétiens. Le porte-parole de l’épiscopat a précisé, une fois de plus, les données démographiques concernant les chrétiens de l’Inde. En réalité, voila des années que la population chrétienne en Inde ne cesse de décliner. Un des précédents recensements, datant de 1981, avait estimé le nombre de chrétiens à 2,45 % de la population totale. Lors du recensement suivant, en 1991, ce taux était descendu à 2,32 %. Le P. D’Souza a fait remarquer que si, comme on le dit, l’Eglise avait dépensé toutes ses ressources en vue d’obtenir des conversions, au lieu de les consacrer au progrès social de la population indienne, aujourd’hui la majorité des Indiens serait devenue chrétienne. En fait, depuis que les Britanniques ont procédé au premier recensement en 1872, le nombre de chrétiens en Inde n’a jamais dépassé les 3 %. Après avoir précisé les craintes des chrétiens devant le nouveau recensement, le porte-parole de l’épiscopat a mis en garde les groupes nationalistes contre toute tentation de manipuler les résultats de cette consultation nationale. “La réalité, a-t-il dit, ne doit pas être ignorée pour des raisons politiques comme cela a été le cas dans certains recensement partiels dans des Etats de l’Inde.

Pourtant, les dirigeants nationalistes hindous, comme B.P. Singhal, président du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou) (1), n’en continuent pas moins de prétendre que la population chrétienne en Inde est en pleine croissance. Ils prétendent que, si certaines statistiques laissent entrevoir un déclin du christianisme en Inde, c’est à cause de l’existence de “chrétiens camouflés” qui se font inscrire comme hindous de basse caste à l’état civil afin de bénéficier des avantages accordés par l’Etat à ces derniers. Ce type d’opinion a gagné en audience dans certains cercles politiques depuis que le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) a pris la tête de la coalition au pouvoir, il y a trois ans.

L’actuel recensement qui est le sixième depuis la proclamation de l’indépendance de l’Inde durera 20 jours et sera, selon le Commissaire au recensement, une opération administrative d’une ampleur peu ordinaire. Deux millions d’enquêteurs parcourront les quelques 650 000 villages et 5 500 agglomérations urbaines de l’Inde. En plus de statistiques précises sur la population, ils recueilleront également des éléments qui permettront de dresser un tableau socio-économique précis de l’ensemble de la population. L’enquête en vue du recensement cherchera également à préciser la composition des divers groupes religieux et linguistiques à l’intérieur de la population indienne. De très nombreuses rubriques ont été ajoutées aux formulaires d’enquête qui permettront de connaître le degré d’urbanisation de l’Inde, le nombre des handicapés, la proportion des femmes au travail, le taux d’analphabétisme, etc.