Eglises d'Asie

Gujarat : dans le diocèse de Rajkot, les volontaires catholiques rencontrent de nombreuses difficultés pour mener à bien leur travail d’assistance aux sinistrés du tremblement de terre

Publié le 18/03/2010




Un mois après le tremblement de terre qui a ravagé l’Etat du Gujarat, les équipes de secours du diocèse de Rajkot, qui se trouve dans le district de Kutch, le plus affecté par la catastrophe, rencontrent encore de nombreuses difficultés dans leur travail d’assistance aux sinistrés. De nouveaux fléaux viennent aggraver la situation déjà tragique laissée par le séisme. De plus, les volontaires catholiques sont en butte à l’agressivité de certains fondamentalistes hindous, qui les accusent de profiter de leur mission d’aide pour essayer de convertir des hindous à leur religion.

Les rapports des volontaires catholiques avec les groupes d’aide hindous coordonnés par le Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national de volontaires, RSS) se sont, en effet, progressivement détériorés. Au début, Mgr Gregory Karotemprel, évêque de Rajkot, avait fait l’éloge de l’action entreprise immédiatement par le RSS au service des sinistrés, une action qui avait aidé à sauver des milliers de vies au lendemain du 26 janvier. Par la suite, il n’a pas tardé à regretter que les membres de l’association hindouiste se soient davantage préoccupés d’exciter les fanatismes que de travailler au soulagement des souffrances de la population locale. De fait, les membres du RSS manifestent une très grande hostilité à l’égard de l’action des volontaires diocésains. L’un de leurs responsables, Varchan, a accusé publiquement l’Eglise catholique de profiter de la catastrophe pour s’infiltrer dans les villages et essayer de convertir la population en leur offrant son assistance. Il en a conclu que les idées et les moyens des missionnaires étaient tout à fait inacceptables et a souhaité que ces derniers quittent la région.

D’autres difficultés ont surgi qui tiennent davantage à l’organisation matérielle de la distribution de l’aide. A l’hôpital St Joseph de Gandhidham, tenu par des religieuses, l’affluence des blessés a été l’occasion d’un énorme travail pour le personnel médical. Mais un surcroît de labeur a été imposé aux religieuses par le tri nécessaire des médicaments. Les donateurs ont envoyé toutes sortes de produits médicaux en vrac sans vérifier s’ils étaient utilisables ou non, si bien que les religieuses ont passé plus de temps à les trier et à les ranger qu’à les administrer à leurs patients. Une des religieuses a fait remarquer : “Alors que nous avions surtout besoin d’analgésiques et d’antibiotiques, nous avons reçu surtout des produits destinés à des piqûres intraveineuses ou encore des pilules de paracétamol D’autres problèmes leur ont été posés par certains patients qui exigeaient d’être soignés à l’extérieur plutôt que dans les bâtiments de l’hôpital, dans la crainte que l’hôpital ne s’effondre sous le coup de nouvelles secousses sismiques. Dans les premiers jours, plus de cent opérations par jours ont été effectuées à l’extérieur, sous des tentes.

Les conséquences du séisme et des conditions climatiques désastreuses se sont conjuguées pour rendre encore plus inquiétante la situation et chasser tout optimisme de l’esprit des responsables de l’assistance aux sinistrés : “Rien ne va plus dans la région et les catastrophes se succèdent les unes aux autres”, a confié le P. Ilavunkal, responsable adjoint du service social du diocèse. Les cadavres laissés par la secousse sismique, que l’on estime responsable de 100 000 morts, ont entraîné la pollution des puits et des réservoirs. Plus grave encore, la sécheresse qui frappe actuellement la région a provoqué une pénurie d’eau empêchant que les labours et les semailles soient effectués dans les temps voulus, ce qui risque d’entraîner la perte des prochaines récoltes. La destruction des équipements électriques par le tremblement de terre n’a pas permis l’utilisation de l’eau des puits profonds pour l’irrigation des terrains. Le centre social du diocèse a déjà commencé à distribuer des céréales aux paysans et donne des directives pour les aider à surmonter la difficile épreuve qui s’annonce.