Eglises d'Asie

Le gouvernement vietnamien s’irrite des critiques portées contre lui devant la Commission sur les libertés religieuses internationales du Congrès américain

Publié le 18/03/2010




Le 13 février dernier, un certain nombre de personnalités militantes de la diaspora vietnamienne sont venues témoigner de la situation des religions au Vietnam devant la Commission sur les libertés religieuses internationales du Congrès américain qui, ce jour-là se penchait sur le Vietnam et l’Indonésie. L’événement annoncé depuis longtemps avait suscité une forte effervescence aussi bien dans les milieux de l’émigration vietnamienne, que dans les cercles contestataires du pays.

Parmi les principaux témoins venus parler de la situation religieuse au Vietnam, se trouvait le P. Trân Công Nghi, directeur de l’agence de presse, Vietcatholic Network. Le long rapport qu’il a lu devant la commission a présenté un tableau relativement exhaustif des contraintes qui pèsent aujourd’hui sur la l’exercice de la liberté religieuse au Vietnam. Il a parlé des nombreuses limitations apportées par les autorités à l’exercice du culte, à la formation des prêtres et à l’exercice du sacerdoce. Les confiscations des biens des Eglises par l’Etat ont longuement été évoquées. L’histoire des relations des religions avec l’Etat et le Parti communiste a également été rappelé.

M. Vo Van Ai, directeur du Bureau international d’informations bouddhiste, dont le siège est à Paris, a souhaité que la question des droits de l’homme et de la démocratie soit soulevée dans les négociations en cours entre les Etats-Unis et le Vietnam. Selon lui, les avantages que le Vietnam retirera de futurs accords avec les Etats-Unis doivent être mérités par lui grâce à des réformes accomplies dans le domaine de la liberté religieuse et des droits de l’homme.

N’ayant pas obtenu les permissions nécessaires, un certain nombre de personnes vivant au Vietnam n’avaient pu répondre aux invitations qui leur avaient été adressées par la Commission. Parmi elles se trouvaient le vénérable Thich Thai Hoa, de Huê, et le P. Nguyên Van Ly, prêtre diocésain dans cette même région, qui a lancé il y a plus de trois mois une campagne à dimension internationale pour la liberté religieuse dans son pays. Les textes que l’un et l’autre avaient rédigés pour la circonstance ont été diffusés auprès des personnes présentes à la réunion de la Commission.

Avant même que la réunion ait lieu, la presse officielle vietnamienne avait lancé de violentes attaques contre elle. Le jour-même, l’organe du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, accusait les Etats-Unis de “profiter de la religion pour s’ingérer grossièrement dans ses affaires intérieures Le journal esti-mait que “les critiques ‘hors de propos'” lancées par “certaines forces hostiles” avaient pour seul ob-jectif “de calomnier et de dénigrer l’image brillante du Vietnam Selon le Nhân Dân, “des preuves élo-quentes démentaient les allégations de ceux qui ont l’habitude de calomnier le Vietnam en l’accusant de réprimer les religions Il affirmait ensuite : “Au Vietnam, personne n’est arrêté pour des raisons reli-gieuses et de croyance. La détention de certains adeptes religieux est due à leurs violations de la loi et ceux-ci doivent évidemment être jugés conformément à la loi vietnamienne En conclusion, on pouvait lire : “Il est clair que ceux qui se donnent le droit de juger la situation religieuse du Vietnam ont inten-tionnellement fermé les yeux devant la réalité et sont allés à l’encontre de la tendance à l’amélioration des relations du Vietnam avec les pays de la communauté internationale, dont les Etats-Unis 

Deux jours plus tard, la même porte-parole réitérait son attaque contre la Commission du Congrès, affirmant qu’en se donnant le droit de juger de la situation religieuse d’un autre pays, elle commettait une ingérence grossière dans les affaires intérieures d’un autre pays, en contradiction avec la charte des Nations Unies.