Eglises d'Asie

Bihar : la Haute-Cour de justice de Patna refuse une demande d’euthanasie

Publié le 18/03/2010




Les chrétiens et les adeptes des autres religions ont accueilli avec faveur le rejet par la Haute-Cour de justice de Patna d’une demande d’euthanasie qui lui avait été soumise. La sentence prononcée, le 26 février, par Ravi Dhawan, président du tribunal de plus haute instance de l’Etat du Bihar, a repoussé une requête demandant l’autorisation de mettre un terme, par pitié, à la vie d’une personne plongée dans un coma profond depuis quinze mois. En présentant le jugement, Ravi Dhawan s’est adressé aux demandeurs, l’époux et le beau-père de la malade, pour leur dire que “les juges avaient pour mandat de sauver la vie et non d’y mettre fin Il a aussi exprimé l’étonnement du tribunal devant une telle requête. Un des attendus de la sentence a fait observer qu’en Inde, la vie est considérée comme une création de Dieu et qu’il est probable qu’aucun tribunal indien n’autorise de donner la mort à quelqu’un.

Dans les milieux religieux, cette décision du tribunal a recueilli l’assentiment général. Un prêtre de l’archidiocèse de Patna a fait remarquer que cette décision était en pleine conformité avec l’enseignement de l’Eglise sur le caractère sacré et inviolable de la vie humaine ; il a souligné que l’observation du juge faisait écho à Jésus, “venu pour sauver la vie et non la détruire Il se plaçait ainsi, spontanément dans la ligne de la campagne du pape contre les tentatives visant à attenter à la vie d’une quelconque manière et sous des motifs variés. L’évêque de Bettiah, Mgr Victor Henry Thakur, a dit qu’il était fier de savoir que des juges indiens ne se laissaient pas influencer par les modes européennes favorables à l’euthanasie qui rabaissent la vie humaine au rang de celle des autres animaux. Un fonctionnaire en retraite, Dalit Paswan, de confession bouddhiste, a donné lui aussi son plein accord à la sentence du juge. “Donner la mort par pitié”, a-t-il estimé, est une notion inconcevable au sein du bouddhisme qui croit dans le dépassement des souffrances de ce monde mais n’a jamais approuvé que l’on élimine le corps dans ce but. Il a ajouté que la femme dans le coma méritait qu’on l’aime davantage, mais non pas qu’on la tue par pitié.

D’autres personnes ont observé que la demande d’euthanasie provenait de la belle famille et non pas des parents de la femme, ce qui montrait que, dans la société indienne, les “brus n’étaient que de simples objets”. Une religieuse, supé-rieure d’une congrégation locale, fait remarquer qu’on laissait facilement dépérir, sans médicaments ni soins, les veuves et les brus à la santé affaiblie. La demande d’euthanasie présentée à la cour de Patna témoignait, sans doute, d’un tel état d’esprit.

Cependant, un membre du barreau de l’Etat du Bihar a souligné que le rejet de la demande d’euthanasie par la Haute Cour du Bihar n’avait rien d’extraordinaire et qu’elle était en conformité avec la loi indienne pour qui le suicide est un crime et qui punit d’emprisonnement toute tentative de suicide. Un juge qui aurait autorisé l’euthanasie pourrait être poursuivi pour complicité dans un crime de suicide.