Eglises d'Asie

Des militants indiens des droits de l’homme veulent inscrire la question des castes au programme des Nations Unies pour la lutte contre le racisme

Publié le 18/03/2010




Près de 400 militants des droits de l’homme se sont rencontrés à New Delhi, du 1er au 4 mars, pour y préparer une importante réunion internationale, la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, qui doit se tenir en Afrique du Sud, au début du mois de septembre 2001, sous l’égide des Nations Unies. A New Delhi, les participants ont en particulier débattu des moyens à employer pour inscrire la question des castes au programme des Nations Unies et pour faire reconnaître par cette instance internationale la discrimination pour appartenance aux basses castes comme une forme du racisme.

Le communiqué publié à l’issue de la réunion déclare que les victimes de discrimination de caste sont soumises à un “apartheid camouflé à la ségrégation, à une forme d’esclavage moderne et qu’elles subissent les pires formes d’exploitation et de violence. Par suite, les participants de la réunion de New Delhi ont appelé à une prise de conscience mondiale du problème et ont condamné les sociétés qui justifient et admettent le traitement inhumain subi par un grand nombre d’habitants de l’Asie à cause de leur caste ou de leurs origines. C’est en effet la naissance qui, en Inde, détermine l’appartenance de caste de chacun avec toutes les injustices qui en découlent. La société indienne est ainsi divisée selon un système à plusieurs niveaux fondé sur les occupations professionnelles. N’en font point partie les hors-caste et les intouchables.

Parmi les participants se trouvaient un certain nombre de représentants du catholicisme qui se sont largement exprimés sur le sujet. Le P. Lourduswamy, secrétaire de la Commission pour les basses castes, commission directement rattachée à la Conférence épiscopale indienne, a déclaré que la situation des dalits en Inde était bien pire que celle des victimes des diverses formes de racisme connues jusqu’ici. C’est donc un devoir moral pour les Nations Unies que d’inscrire cette question à leur programme. Selon les statistiques présentées par lui à la réunion, 16 des 24 millions de chrétiens de l’Inde sont issus des basses castes. Leur conversion n’a pas amélioré leur statut économique. Un autre prêtre, le P. Aloysius Irudayam, a souligné que les dalits – terme qui en sanscrit signifie “écrasé” – continuent d’exercer des métiers ingrats et, dans quelques villages, sont soumis à des rites avilissants. L’évêque méthodiste bolivien, E. Poma, directeur du Conseil mondial des Eglises, qui a inscrit la lutte contre le racisme au programme de ses activités, a affirmé à New Delhi que son organisme soutiendra ceux qui veulent traiter de la discrimination de caste comme une forme du racisme.

Les participants à la réunion ont fait remarquer que la discrimination de caste n’était pas un phénomène propre à l’Inde et qu’elle touchait quelques autres pays comme le Bangladesh, le Népal, le Pakistan, le Sri Lanka. Au total, en Asie du Sud, on compterait 240 millions de dalits, autrefois considérés comme intouchables. Les basses castes sont encore apparentées à un certain nombre de communautés marginalisées, que l’on peut trouver en Bolivie, en Italie, au Japon, au Sénégal et ailleurs. Leurs représentants participeront à la conférence internationale de septembre en Afrique du sud, dont les objectifs affichés à l’avance se veulent le plus généraux possible.

Cependant, les objectifs de la réunion de New Delhi ne sont pas en accord avec les vues du gouvernement indien qui fait en sorte que la question des castes ne soit pas inscrite au programme des Nations Unies, sous prétexte que ce problème spécifique risquerait d’être dilué et de perdre de sa consistance à l’intérieur de la question plus vaste et plus générale du racisme. Lors d’une réunion préparatoire qui s’est tenue en février à Téhéran, le gouvernement indien a été critiqué pour sa volonté de bloquer la question des castes et son refus d’admettre l’existence de graves violations des droits de l’homme dans le pays.