Eglises d'Asie

Face au phénomène “dynastique”, courant dans la vie politique nationale, l’Eglise catholique veut faire l’éducation civique et politique des électeurs philippins

Publié le 18/03/2010




En vue des prochaines élections générales, qui doivent avoir lieu en mai prochain, l’Eglise catholique aux Philippines veut contribuer à l’éducation civique et politique des électeurs philippins. Au début du mois de mars, Mgr Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato et président de la Conférence épiscopale, a déclaré que l’Eglise souhaitait à la fois développer “une conscience sociale responsable” chez les électeurs et observer le déroulement des opérations électorales afin de s’assurer de leur droiture. Le 4 mars, le cardinal Vidal, archevêque de Cebu, est allé dans le même sens, appelant les électeurs à ne pas choisir les candidats uniquement sur le critère de leur seule popularité et dénonçant la culture de clientélisme et les phénomènes dynastiques, dominant dans la vie politique locale.

Les élections de mai prochain verront 34,4 millions d’électeurs appelés aux urnes et 17 579 postes à pourvoir au niveau tant national que local (une partie des députés et sénateurs, les gouverneurs et vice-gouverneurs, les maires et maires-adjoints, les conseillers municipaux et provinciaux). Un rapide panorama des candidats déjà déclarés confirme le phénomène dynastique relevé par le cardinal Vidal. A Pampana, le fils de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo se présente pour le poste de vice-gouverneur (la présidente étant elle-même la fille de son père, Diosdado Macapagal, président des Philippines de 1961 à 1965). Luisa Ejercito, épouse de l’ex-président Joseph Estrada, cherche à se faire élire au Sénat tandis qu’un des fils de Joseph Estrada, Jose Victor, est candidat pour la mairie de San Juan, ville dont le maire a été son propre père de 1969 à 1986 et où un de ses demi-frères, Jinggoy Estrada, a été élu en 1988 puis en 1991. Dans la province de Leyte, des membres du clan Romualdez d’Imelda Marcos se présentent à différents postes tandis que deux enfants du couple Marcos cherchent à se faire réélire aux postex de gouverneur et de député de la province d’Ilocos Norte. Ailleurs, en divers lieux, des personnalités élues et qui ne peuvent se représenter du fait des restrictions constitutionnelles cèdent la place à des proches.

Selon le P. Diomedes Brigoli, prêtre du diocèse de Malaybalay, dans la province de Bukidnon, l’achat de votes est une pratique “courante et bien établie” tandis que les gens, particulièrement dans les zones isolées de montagnes, tendent à donner leur suffrage aux candidats qu’ils reconnaissent à la télévision ou qu’ils entendent à la radio. “L’achat de votes ne se produit pas seulement le jour des élections. Il commence bien en amont par la distribution de faveurs”, explique le P. Brigoli. Pour cette raison, ajoute le prêtre, membre du Conseil pastoral pour un vote responsable à Manille, les efforts de l’Eglise en vue d’éduquer le sens civique des électeurs doit être continu et entrepris sur le long-terme. Selon Michael Ac-Ac, spécialiste en sciences politiques, le système perdure en dépit des mesures constitutionnelles destinées à contenir ces travers de la vie démocratique car la richesse et le pouvoir restent concentrés entre les mains d’une poignée de familles. Les responsables du pays, bénéficiant de ce système, ne font rien pour y mettre fin.