Eglises d'Asie

Le projet de rapport politique pour le neuvième congrès du Parti communiste affirme que la religion est un besoin spirituel d’une partie du peuple

Publié le 18/03/2010




La préparation du 9ème Congrès du Parti communiste vietnamien qui, à l’origine devait se tenir au mois de mars, est aujourd’hui loin d’être achevée. Le mercredi 14 mars, s’est ouvert un important plénum qui devrait décider de l’orientation du Parti et de changements importants au sein de sa direction, changements que le 9ème Congrès, lorsqu’il aura lieu, devrait se contenter d’entériner. Beaucoup d’observateurs annoncent le départ de l’actuel secrétaire général Lê Kha Phiêu à qui l’on reproche ses piètres performances, particulièrement lors des troubles sur les hauts plateaux du Centre-Vietnam, il y a quelques semaines. Le plénum qui réunit les quelque 170 membres du Comité central devrait durer une ou deux semaines, ce qui repousserait la tenue du 9ème Congrès au mois d’avril. Paradoxalement le projet de rapport politique qui doit être soumis à l’approbation du 9ème Congrès, lui, est prêt depuis longtemps, puisqu’il a reçu ses dernières modifications lors du plénum de janvier dernier (6 au 16 janvier). Il avait été auparavant, dans la presse du pays, en particulier dans le Nhân Dân, organe du Parti, l’objet d’innombrables contributions de la part des représentants de toutes les couches de la société. Depuis, son texte a été largement diffusé un peu partout dans la presse et sur le réseau internet.

C’est un long rapport (23 pages en petits caractères dans le Nhân Dân), très classique et sans grande surprise, qui suit l’ordre traditionnel de ce genre de documents. Il commence par une histoire du parti communiste vietnamien dont la périodisation est bien marquée, depuis la fondation du parti en 1930 jusqu’à la période actuelle qui commence en 1986, appelée période du renouveau dont les cinq dernières années constituent, dit le projet de rapport, une période de difficultés (la crise économique asiatique, les catastrophes naturelles, les faiblesses propres à l’économie vietnamienne). Après un chapitre consacré à l’idéologie où il est précisé que “la pensée Hô Chi Minh” n’est que l’application “créative” de la doctrine marxiste léniniste à la réalité concrète du pays, la rapport décrit successivement les développements qui devront être suivis en matière économique, culturelle, éducative, le système de défense du pays, ses relations avec l’étranger. Il en arrive finalement à l’effort que le Parti doit consentir pour réaliser l’union du peuple tout entier. C’est à ce chapitre qu’est traité le problème de la religion entre celui des minorités ethniques et celui des vietnamiens résidant à l’étranger. Cette position entre deux couches de populations marginalisées par rapport à l’ensemble suggère au lecteur que les croyants eux aussi, d’une certaine façon, se tiennent à l’écart de la société vietnamienne.

En évoquant explicitement le problème religieux en quelques lignes, le rapport du 9ème Congrès reprend une tradition qu’avait abandonnée le précédent rapport, puisque celui du huitième Congrès (1996), pour la première fois dans l’histoire du Parti communiste vietnamien, n’y faisait aucune référence. Chacun des rapports antérieurs lui avait consacré au moins un paragraphe. Les rapports des 4ème (1976), 5ème (1981) et 6ème Congrès (1986) s’étaient, il est vrai, quelque peu répétés sur ce thème. Les uns et les autres affir-maient que la politique religieuse du Parti restait inchangée (Truoc sau nhu môt). Tous proclamaient l’é-galité de tous les citoyens, la liberté d’adhérer à une religion ou de ne pas y adhérer, en même temps que la formelle interdiction de se servir de la religion à des fins pernicieuses, c’est à dire anti-communistes.

Le rapport rédigé à l’occasion du 7ème congrès (1991) avait marqué un très grande changement à ce sujet. Le ton avait très sensiblement changé (1). On y parlait de la croyance et de la religion comme d’une constante quasi-permanente de la mentalité populaire : “Les croyances et les religions constituent le besoin spirituel d’une grande partie du peuple, besoin qui subsistera encore longtemps Cette appréciation qui a été introduit dans le langage officiel sur la religion en 1990, a été reprise en partie dans l’actuel rapport ; elle constitue même le début du paragraphe. Mais la série de déterminations positives de la religion figurant dans le rapport du septième Congrès ont disparu du document actuel, comme par exemple les phrases soulignant l’utilité sociale de la religion : “La morale religieuse contient de nombreux éléments particulièrement accordés à l’œuvre d’édification d’une société nouvelle ou encore celle qui conseillait aux cadres politiques et administratifs, “d’abandonner toute marque d’étroitesse d’esprit, tout préjugé et toute marque de discrimination à l’égard de nos compatriotes croyants Le projet de rapport pour le 9ème Congrès fait seulement allusion aux valeurs positives de la religion en matière de culture et de morale. Pour le reste, sont répétées, à propos de la religion, les mêmes banalités que l’on pouvait trouver dans les rapports des congrès ayant précédé le septième.