Eglises d'Asie

Le suicide, une des principales causes de mortalité dans l’île, inquiète les responsables gouvernementaux et les milieux religieux

Publié le 18/03/2010




Inquiets devant l’augmentation du nombre des suicides, la vice-présidente de Taiwan et différents mouvements religieux adressent un appel aux Taiwanais pour qu’ils respectent davantage la vie, y compris la leur. Les milieux religieux et les mouvements en faveur de la vie se sont joints à la vice-présidente Annette Lu Hsiu-kien pour lancer le 25 février la campagne “Je veux vivre !” afin de tenter de faire diminuer le grand nombre de suicides recensés chaque année. Cette campagne en faveur de la vie initiée par Annette Lu avec le concours d’associations civiques et de mouvements bouddhistes, catholiques et protestants voudrait tout d’abord, selon les organisateurs, venir en aide aux gens déprimés. Ceux qui pensent mettre fin à leur vie abandonnent souvent cette idée quand ils ont la chance de recevoir quelques mots d’encouragement de la part d’une autre personne, a expliqué Annette Lu, ajoutant qu’il faut tout mettre en œuvre afin d’inverser la courbe du nombre des suicides.

Les statistiques publiées par le ministère de la Santé, le 22 février, indiquent que le suicide a été une des premières causes de mortalité entre 1998 et 2000, avec 2 000 morts par an, la plupart des personnes ayant mis fin à leurs jours étant des hommes âgés de 25 à 44 ans. Beaucoup ont été recensés à Keelung et dans les comtés de Taitung, Nantou, Yunlin et Miaoli, les régions les plus touchées par le tremblement de terre du 21 septembre 1999 (1). Les spécialistes expliquent qu’un certain nombre de survivants, incapables d’accepter la disparition soudaine de proches, sont tombés en dépression. Par ailleurs, d’après un rapport publié en janvier dernier par le Conseil pour l’emploi, parmi les cas de suicide se trouvent de nombreux chômeurs de longue durée ainsi que des personnes fraîchement licenciées. Quelques-uns ont même tué les membres de leur famille, y compris leurs enfants, avant de passer à l’acte. Les mouvements de défense de la vie et les responsables gouvernementaux ont demandé aux médias de ne plus donner de détails sur ces suicides pour éviter l’effet d’incitation. Le chômage, bien que ne concernant “que” 329 000 personnes, soit 3,35 % de la population active, n’a jamais été aussi élevé ces quinze dernières années et les statistiques officielles ne prennent en compte qu’une partie du phénomène.

Lors de sa conférence de presse, Annette Lu, les larmes aux yeux, a révélé qu’elle-même avait pensé à se suicider à trois reprises au cours de sa vie : à l’âge de 10 ans, quand elle a été giflée par un enseignant, à 30 ans, quand elle a appris qu’elle avait un cancer, et enfin entre 1979 et 1985, quand elle s’est retrouvée prisonnière politique. Mais, a-t-elle ajouté, elle a fait face et, si elle n’était plus vivante aujourd’hui, elle ne connaîtrait pas le bonheur des jours heureux qui lui sont donnés de vivre actuellement.

Le 25 février, les hebdomadaires catholiques de Taipei et de Kaohsiung ont publié un article sur le thème : “culture de mort et suicide La fondation “Eden pour le bien-être social”, un mouvement protestant d’entraide dont le tiers des responsables sont des handicapés physiques, a publié les résultats d’un sondage. Sur les 1 050 étudiants interrogés, 0,7 % ont répondu avoir eu des idées de suicide entre 12 et 22 ans. Si ces chiffres correspondent à la réalité, cela signifierait qu’à l’échelon national, 18 000 étudiants taiwanais ont pensé à se donner la mort dans l’année, souligne le rapport. L’initiateur de cette fondation, Liu Hsia, qui vit en fauteuil roulant depuis 50 ans, a déclaré au cours d’une réception donnée le 23 février par le président Chen Shui-bian en l’honneur des mouvements d’aide sociale et d’éducation que “le suicide n’est pas l’unique méthode pour régler les problèmes”.

Afin de promouvoir l’amour de la vie, bouddhistes, catholiques, protestants et taoïstes interviendront au cours d’un symposium organisé le 28 mars prochain sur le thème de la science et de l’éducation à la vie afin de remplir l’objectif proposé par le ministère de l’Education : “2001, année de l’éducation à la vie