Eglises d'Asie

L’Eglise catholique s’inquiète du nombre toujours élevé de Philippins qui partent travailler à l’étranger à la recherche de meilleures conditions de vie

Publié le 18/03/2010




Le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, vient de lancer un appel aux travailleurs migrants, aux responsables du pays et à la société philippine dans son ensemble pour demander à tous de “réexaminer” leurs priorités en matière de migration (1). Le 4 mars, à Cebu, lors d’une messe célébrée spécialement à l’attention des Philippins partis gagner leur vie à l’étranger, devant 1 500 travailleurs migrants et leurs familles, le cardinal Vidal a déclaré : “Vous ne devez pas oublier ce que Dieu veut que vous fassiez de vos vies… L’argent nous préoccupe tous, mais, attention, il peut aussi détruire nos familles”, exprimant ainsi son espoir de voir les travailleurs philippins dispersés de par le monde revenir au pays. C’est en 1986 que l’Eglise aux Philippines, par le biais de sa Commission pour les migrants (ECMI), a désigné comme “Dimanche des migrants” le premier dimanche de Carême, “en reconnaissance pour les sacrifices des travailleurs philippins à l’étranger et pour prier pour tous ceux qui sont au loin”. Pensant aux familles désunies du fait l’émigration, migrer est un droit, a poursuivi le cardinal, mais, dans une allusion aux pays où la main-d’œuvre immigrée chrétienne n’a pas le droit de vivre sa foi (dans les pays musulmans du Golfe persique et du Moyen-Orient, en particulier), les catholiques philippins à l’étranger ont “à défendre le droit de parler de notre Dieu”.

L’Eglise des Philippines estime le nombre des travailleurs philippins à l’étranger à 7 200 000, chiffre auquel il faut ajouter au moins 1 900 000 clandestins. Une déclaration de l’ECMI datée du 4 mars et signée de Mgr Ramon Arguelles, évêque aux armées, atteste que les travailleurs émigrés envoient à leurs familles chaque année près de 6,7 milliards dollars US, permettant ainsi à l’économie philippine de se maintenir à flot. Parallèlement et dans cette même déclaration, l’ECMI demande à l’administration de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo de se démarquer du gouvernement précédent et de ne plus encourager la migration. Mgr Arguelles déclare souhaiter que le gouvernement ne regarde le travail à l’étranger que comme une mesure temporaire et d’appoint pour l’économie et comprenne qu’il est de son devoir de faire en sorte que les Philippins trouvent des emplois équivalents chez eux, aux Philippines. “Le gouvernement se doit aussi d’assurer la protection de ses ressortissants à l’étranger et de veiller à ce qu’ils soient traités avec justice”, recommande l’évêque. En 2000, le service d’assistance juridique de l’EMCI a du intervenir dans 507 cas, dont 406 à Taiwan, pour aider des ouvriers philippins, ouvriers d’usines majoritairement, à faire respecter leurs droits. L’EMCI demande également le vote d’une loi permettant aux travailleurs émigrés de voter depuis l’étranger aux prochaines élections du 14 mai.