Eglises d'Asie

Les huit diocèses du nouvel Etat du Jharkhand décident de s’associer à la lutte des ethnies minoritaires pour le respect de leurs droits

Publié le 18/03/2010




Les évêques et les supérieurs religieux des huit diocèses catholiques situés dans le nouvel Etat du Jharkhand, lors d’une réunion tenue le 26 et 27 février à Ranchi, ont décidé de constituer une structure commune destinée à coordonner leur action missionnaire et à renforcer l’unité et la solidarité des minorités montagnardes de la région dans leur lutte pour le respect de leurs droits.

Cette résolution leur a été inspirée par le tableau de la région qu’ils ont dressé ensemble et en particulier par les injustices dont sont aujourd’hui victimes les minorités ethniques de l’Etat. Les membres de ces ethnies, qui sont les plus anciens habitants de la région, n’ont guère de part à la propriété et à l’exploitation des ressources naturelles du pays, pourtant très abondantes. L’Etat renferme, en effet, 37 % des réserves de houille de l’Inde, 40 % du cuivre et 22 % du minerai de fer. La marginalisation des autochtones pourrait encore être aggravée par les projets concernant le développement de l’Etat, décidés par le gouvernement actuel entre les mains de la coalition au pouvoir à New Delhi, coalition menée par le Bharatiya Janata Party (BJP). Selon le P. Beni Ekka, les autorités actuelles incitent la grande industrie et les compagnies multinationales à venir investir dans le Jharkhand, ce qui risque de créer une situation catastrophique pour les populations minoritaires dépendant essentiellement, pour leur subsistance, des terres et des forêts. Les projets de développement envisagés, fondés sur l’industrie, bénéficieront principalement, selon le prêtre, à la population des villes (28 % de la population totale) et aggraveront la pauvreté des habitants des campagnes et des forêts, à savoir 72 % de l’ensemble des habitants de l’Etat.

Ainsi, ont constaté les participants à la réunion, la création de l’Etat de Jharkhand, en novembre dernier, n’a fait que consacrer l’état de marginalisation et de dépendance dans lequel sont tenues les diverses ethnies minoritaires du pays. Evêques et supérieurs majeurs sont tombés d’accord sur la nécessité de la lutte qui doit être entreprise par les membres des minorités, chrétiens ou non chrétiens, en vue de faire valoir leurs droits. Ceux-ci, aujourd’hui dispersés dans différents partis politiques, doivent s’unir. Les participants du séminaire ont appelé les membres des ethnies, aujourd’hui fonctionnaires du gouvernement ou professionnels d’un certain niveau, à accomplir leur mission de guide auprès de leurs compatriotes. Un hebdomadaire en langue hindie sera lancé, qui contribuera à la mobilisation de la population des Etats du Jharkhand et du Chattisgarh.

“La situation des minorités, a conclu un des participants, exige du peuple de Dieu qu’il réfléchisse et débatte de ce problème. Il doit mettre en œuvre une stratégie au service de l’élévation du niveau de vie des minorités ethniques, des basses castes et des pauvres Les 600 000 catholiques qui forment 3 % des 21 millions d’habitants du Jharkhand appartiennent pour la plupart aux minorités ethniques.

L’adoption du projet de création du Jharkhand par le Congrès indien, en août 2000, et la création effective l’Etat au mois de novembre de la même année, ont été le fruit d’une longue lutte des chrétiens de la région, lutte pour l’autonomie qui avait commencé en 1936, soutenue par l’Eglise catholique, dès la proclamation de l’indépendance de l’Inde en 1947. Lors du vote du Congrès créant le nouvel Etat, découpé dans l’Etat du Bihar, l’enthousiasme fut grand et l’évêque de Ranchi s’était écrié : “Dieu a écouté le cri de son peuple”. Cependant, l’enthousiasme a diminué lorsque, peu après, les chrétiens apprirent la nomination à la tête du nouvel Etat d’un gouverneur faisant partie de l’extrême droite hindouiste et d’un ministre-président appartenant au BJP.