Eglises d'Asie

Manipur : les menaces de mort qui pèsent sur les membres du personnel des écoles catholiques obligent ceux-ci à rechercher des postes moins dangereux

Publié le 18/03/2010




La situation empire pour les missionnaires et le personnel des écoles catholiques de l’Etat du Manipur. Plusieurs d’entre eux ont été obligés d’abandonner leurs postes pour fuir les menaces de mort lancées contre ceux qui refusent de payer les sommes demandées en guise d’impôt volontaire par les mouvements séparatistes de la région. Au cours des dix années écoulées, trois prêtres ont déjà trouvé la mort dans de telles conditions et plusieurs autres ont été violemment agressés (1). En 1990, le P. Mathew Manianchira, principal d’une école, avait été tué alors qu’il présidait une réunion matinale dans son établissement. En 1992, le P. Sebastian Vadakkethannikal avait été blessé par balles alors qu’il refusait de verser les 700 000 roupies qui lui étaient demandées. Il y a trois ans, le 22 novembre 1997, le P. Jose Nedumattathil a été tué par balles dans son bureau du collège Don Bosco de Mara. En 1994, deux prêtres avaient été kidnappés par des rebelles puis relâchés sans qu’une rançon ait été versée. Tout récemment, le 13 décembre 2000, le P. Jacob Chittinapilly, vicaire de la paroisse de Sugnu, de l’archidiocèse d’Imphal avait été tué à bout portant, apparemment en représailles pour le refus de l’Eglise de répondre favorablement aux demandes d’argent formulées par la guérilla locale.

Le P. D.K. Joy, principal d’une école catholique de la ville d’Imphal, capitale de l’Etat, a en effet confié que la récente multiplication des demandes d’argent et des menaces des mort a été l’occasion d’un large déplacement des membres du personnel enseignant. Ceux-ci, pour la plupart originaires d’autres Etats, sont partis à la recherche de postes où la sécurité soit mieux assurée. Quant aux directeurs des écoles salésiennes d’Imphal, trois d’entre eux ont actuellement quitté leurs institutions et se contentent de veiller à distance à la marche quotidienne de leurs institutions.

Depuis que le gouvernement du Manipur a décrété un cessez-le-feu unilatéral du 1er au 31 mars, les sollicitations des guérilleros indépendantistes ont augmenté la pression qu’ils font subir aux écoles du pays. Il existe en effet dans la région quelque 20 groupes de guérilla luttant pour l’autodétermination de cet Etat situé à la frontière de la Birmanie. Pour soutenir leur lutte armée, chacun d’entre eux s’efforce d’extorquer des fonds, auprès des professionnels, des entreprises et autres institutions de l’Etat. Ces demandes s’adressent particulièrement aux institutions scolaires missionnaires de la région. Huit d’entre elles ont reçu de la part des militants indépendantistes des “avis d’imposition” spécifiant la somme à payer et le délai accordé. Depuis le mois de mars 2000, les militants indépendantistes exigent de chacune des écoles une somme de 500 000 roupies (10 740 dollars) par an. Après que les responsables scolaires eurent fait part de leur incapacité à s’acquitter de cette somme, des avis de pénalisation ont été envoyés par les organisations indépendantistes précisant même que le sang serait versé en cas de refus.

Les missionnaires ont pourtant lancé un appel solennel aux rebelles, leur demandant de les exempter de la taxe demandée en raison des nombreux services rendus par leur Eglise à la cause des minorités ethniques dans le pays. Les responsables des mouvements de libération des ethnies minoritaires ont répondu que “personne ne pouvait être exempté de la taxe au profit de la liberté de la contrée