Eglises d'Asie

Sumatra : environ 3 000 Indonésiens d’origine chinoise ont fuit les heurts intercommunautaires qui se sont récemment produits à Selatpanjang, ville située sur l’île de Rantau

Publié le 18/03/2010




Sur l’île de Rantau, île située dans le détroit de Malacca, dans la ville de Selatpanjang, des émeutes intercommunautaires se sont produites le 18 février et les jours suivants et ont causé la fuite de plusieurs milliers de personnes. Environ 3 000 Indonésiens, quasiment tous d’origine chinoise, sont partis chercher refuge à Dumai, ville portuaire de la province de Riau, à Pekanbaru, capitale de cette province, ou encore à Medan, capitale de la province de Sumatra-Nord ; certains ont fuit jusqu’en Malaisie ou à Singapour, tout proches. Selon le P. Markus Wale, interrogé à Dumai, la situation à Selatpanjang est redevenue calme mais “les écoles et nombre de commerces sont toujours fermés”. Il précise encore que ces émeutes n’ont pas fait de victimes mais que les dégâts matériels sont importants et que les Sino-Indonésiens craignent de retourner chez eux, sur l’île de Rantau.

Selatpanjang est peuplée en majorité de Bataks, originaires du nord de Sumatra, de Dayaks, venus de Kalimantan (Bornéo), de Javanais et enfin d’Indonésiens d’origine chinoise. Cette ville, connue depuis les années 1960 pour les trafics divers qu’elle abrite (drogues, prostitution et jeux d’argent), a déjà été, par le passé, le théâtre de violences intercommunautaires. Cette fois-ci, rapportent diverses sources, les émeutes ont eu, semble-t-il, pour origine une interpellation par la police qui a mal tournée. Alors que des policiers tentaient d’arrêter un groupe de musulmans qui protestaient contre les activités de Chinois accusés de se livrer à des paris “immoraux”, deux musulmans, Firdaus, 26 ans, et Syahrizan, 35 ans, ont été mortellement blessés par les policiers. Selon Antonius Simarmata, un médecin qui a été témoin des émeutes, des manifestations violentes ont alors éclaté, les manifestants reprochant à la police de sur-protéger les Chinois. Face aux pillages qui ont suivi et aux manifestations violentes, une partie de la communauté chinoise a préféré fuir. Les autorités ont également fait évacuer sur Dumai les familles des policiers.