Eglises d'Asie

Après l’arrestation du dirigeant historique du bouddhisme hoa hao, une responsable féminine de cette religion s’immole par le feu

Publié le 18/03/2010




Depuis quelques années, les mois de février et mars, période où les fidèles du bouddhisme hoa hao célèbrent l’anniversaire de la mort du fondateur de leur religion, le prophète Huynh Phu So, assassiné par les forces Vietminh en 1947, sont marqués par une grande effervescence due autant à la ferveur des fidèles qu’à l’interdiction portée par les autorités contre cette célébration prévue, semble-t-il, pour le 19 mars. Cette année, cette période a été marquée par deux événements de première importance qui dénotent un net durcissement de la résistance opposée par une partie des fidèles au contrôle exercé sur eux par les autorités civiles : l’arrestation et la mise en résidence surveillée du dirigeant historique évincé, animateur de la résistance hoa hao, M. Lê Quang Liêm, âgé de 81 ans, et l’immolation par le feu d’une des responsables féminines de cette religion.

Selon des nouvelles diffusées par l’Association des fidèles hoa hao à l’étranger dont le siège se trouve aux Etats-Unis, le 17 mars, un grand nombre de fidèles hoa hao se sont rassemblés dans le parc Lê Van Tâm, à Hô Chi Minh-Ville, munis de pancartes, de bidons d’essence et de coton, dans le but d’y organiser une immolation collective par le feu pour protester contre la persécution religieuse. Ils se sont heurtés à la police qui a procédé à un certain nombre d’arrestations, particulièrement celle de Lê Quang Liêm, élu dirigeant suprême de la cette religion en 1972 et, depuis ces dernières années, âme de la résistance aux autorités. Le dirigeant hoa hao a été gardé pendant trente heures dans les locaux de la police où il a été, semble-t-il, soumis à de mauvais traitements. Il a été ensuite escorté jusqu’à sa demeure après avoir été informé qu’il faisait l’objet d’une mesure d’assignation à résidence pour deux ans. M. Lê Quang Liêm a refusé de signer le procès-verbal de son arrestation. Selon le journal de l’armée populaire qui a relaté la mesure prise contre lui, le dirigeant religieux a été puni pour avoir utilisé la religion à des fins de propagande dirigée contre l’Etat vietnamien. Deux jours après l’arrestation, le P. Chân Tin qui, dans le passé, a signé avec le dirigeant hoa hao un certain nombre de manifestes communs, a diffusé une lettre de protestation contre l’arrestation de Lê Quang Liêm. Il y réclame sa libération immédiate ainsi que celle des autres fidèles arrêtés, la dissolution du Comité administratif mis en place par l’Etat pour contrôler cette religion et le retour de Lê Quang Liêm à son poste de dirigeant.

Trois jours après les événements de Hô Chi Minh-Ville, une immolation par le feu avait effectivement lieu dans le village de Tan Hoi, province de Dông Thâp, lors d’une manifestation organisée par des bouddhistes hoa hao pour protester contre l’arrestation de leurs dirigeants. Selon l’association bouddhiste hoa hao à l’étranger qui a transmis cette nouvelle en premier, c’est la responsable de la ligue des femmes bouddhistes hoa hao, Mme Nguyên Thi Thu qui s’est ainsi sacrifiée après s’être arrosée d’essence. Les témoins de l’immolation l’ont entendue proclamer qu’elle mourrait pour la défense de la liberté religieuse. Les responsables de la police de la province de Vinh Long, voisine de celle de Dông Thâp, ont implicitement reconnu le sacrifice de Mme Thu en révélant qu’une femme était morte de brûlures dans le village Tan Hoi. Ils affirment cependant ne pas en connaître les raisons. Selon les sources hoa hao, une centaine de policiers se sont rendus sur place, ont dispersé le rassemblement à coups de matraques et ont emporté le corps de la victime malgré les protestation de ses coreligionnaires qui souhaitaient le remettre à sa famille.

Après une longue période durant laquelle, la religion hoa hao n’a eu pratiquement pas d’existence officielle, les autorités vietnamiennes avaient approuvé et patronné le 26 mai 1999, dans la province de An Giang, la réunion d’un congrès auquel participaient, selon vietnamienne de presse, environ 120 délégués choisis parmi les adeptes de cette religion. Le gouvernement y était représenté par Lê Quang Vinh, chef du bureau des Affaires religieuses du gouvernement et par des délégués des autorités provinciales. A l’issue de ce congrès, un comité d’administration de onze membre a été élu, dont la présidence a été donnée à Nguyên Van Tôn, aussi appelé Muoi Tôn, accusé par beaucoup d’être un cadre communiste, travaillant au sein du Front patriotique et du Conseil populaire provincial. Depuis lors, une grande partie des fidèles hoa hao menés par leur dirigeant historique M. Lê Quang Liêm, n’ont cessé de manifester et de faire entendre leurs voix.